La stérilité est très mal vue dans la société africaine, les femmes victimes de ce phénomène sont considérées dans leurs foyers comme des sorcières.) On les traite de tous les noms d’oiseaux. Cette stérilité conduit ces femmes à utiliser des pratiques obscures. Pour preuve, le cas récent du jeune Alseny Sako introduisait les testicules des animaux dans la partie intime des femmes. Cet état de fait nous ramène à consulter un gynécologue, Congolais pour nous en dire plus.

Comment expliquez-vous la pression sociale exercée sur les couples pour enfanter ?
Comme je l’ai dit plus haut, la pression a toujours existé sur le couple quant à sa capacité à procréer. C’est la plus importante des dettes dont on doit s’acquitter face à la vie. Dans nos sociétés africaines, c’est juste parce que les langues se délient plus vite et plus facilement que cette pression semble plus importante. À cause de ce que j’aime appeler l’assertivité, ou la tendance à donner son avis sur tout, lorsque cela ne nous concerne pas. Cette tendance à se mêler de tout; le couple ici chez nous est très perméable et influençable par rapport à son entourage. D’ailleurs,ce sont les parents qui les marient, dès lors ils se permettent d’attendre le fruit de leur investissement, ils mettent la pression lorsque cela tarde à venir.
Peut-on comparer, le jeune couple d’hier et celui d’aujourd’hui ?

Effectivement, les parents font rarement preuve de bon sens quand ils se mettent à reproduire à l’identique ce qu’ils avaient subi à leur époque, désormais révolue. Les parents d’aujourd’hui ne peuvent pas s’attendre à ce que leurs enfants deviennent adultes pour faire la même chose, subissent avec la même acuité les affres de la vie. le monde évolue, les mœurs changent, et il vaut mieux vivre avec son temps. Les défis ne sont plus les mêmes, surtout que le jeune couple ne reçoit pas grand-chose comme aide pour démarrer la vie adulte ou la vie de couple. Dans la culture européenne souvent, c’est à ce moment-là qu’on découvre que les parents avaient ouvert un compte bloqué à la banque pour leur enfant, pour l’aider à financer l’achat d’une voiture ou comme fond propre pour souscrire un crédit immobilier.

Quelles sont les conséquences de cette pression sociale sur le couple africain ?
C’est que chacun des couple aura à faire à sa famille d’origine dont il aura à réaliser les idéaux. Cela va agrandir le champ de bataille et de conflit. Cette pression va produire des blocages au lieu d’aider à détendre l’atmosphère. En effet, pourquoi se rabaisser à réaliser les projets d’une famille tout en oubliant ainsi ses origines. C’est ainsi qu’apparaît la stérilité psychologique. Je dirai, en un mot, cette pression bloque la vie au lieu de la créer.
Confirmez-vous ce préjugé que la femme serait la principale cause de la stérilité ?

C’est en effet un préjugé, la stérilité touche l’homme, la femme et le couple. C’est ce dernier cas qui est le plus répandu, cela concerne la compatibilité ou la capacité du couple à procréer. C’est lorsque les tares individuelle mineures se mettent ensemble pour produire des tares majeures qui rendent le couple stérile. Je peux citer le cas de couples qui ont été incapables de procréer jusqu’à ce qu’ils se séparent et rencontrent des partenaires plus fertiles qu’eux, qui ont renforcé leur capacité à procréer.

La stérilité féminine vient ensuite, à cause de la complexité de l’organisme féminin, qui peut être le siège de complications à différents niveaux ; c’est donc essentiellement un problème mécanique qui va causer la stérilité féminine. Et enfin la stérilité de l’homme concerne tout de même 10% des cas ; ici c’est souvent un problème de constitution (l’azoospermie – ou l’absence de spermatozoïdes dans le sperme, la mauvaise qualité de sperme, et enfin un défaut concernant un faible nombre de spermatozoïde).
La stérilité condamne-t-elle systématiquement le couple à l’échec ?

En tant que scientifique, je dirai oui, pour l’instant, car l’Afrique est un continent en devenir et qui se développe assez vite. Mais en tant que psychologue, je dirai non. Car il y a une part psychologique dans la stérilité. Cela peut être démontré par un phénomène extraordinaire : des couples en difficultés de procréation parviennent souvent et vite à enfanter après avoir adopté un enfant.

A rappeler que la stérilité est plus dure dans nos contrées parce que le problème n’est pas pris au sérieux ; on se contente souvent de mythes, en condamnant la femme comme la seule porteuse du problème. Les choses iraient mieux à partir du moment où l’on considère la stérilité comme étant
réellement un mal qui touche avant tout le couple.

 

 

 

Entretient réaliser par Ibrahima Sory Camara pour guineeprogres