L’orage est passé. Les passions se sont estompées. La rancœur amenuisée. On est donc enclins à mieux cerner le réel motif de départ de Jean-Marc Telliano, président du RDIG, après près de dix ans au sein de l’opposition républicaine et donc de Dalein Diallo.

Il fut ministre de l’Agriculture sous Alpha Condé. La gestion opaque d’intrants agricoles a eu raison de lui avant d’être débarqué. Ce dégommage aura été synonyme de désapprobation. Telliano s’est fait accueillir parmi les opposants d’Alpha Condé. Il y sera jusqu’en septembre 2018. Il a eu à arpenter vallées et vallons pour la cause du chef de fil de l’opposition, parfois à ses propres frais, accuse le patron du RDIG, sans jamais dire ce qu’il a tiré du CFO. Aujourd’hui, c’est la friction et Telliano ne trouve pas mieux que de rallier le RPG, sans papier, sans alliance et sans aucun autre engagement écrit. Sauf que : «On s’est retrouvés, chacun a reconnu ses erreurs. On est repartis sur de nouvelles bases. Cette fois-ci, c’est la bonne occasion. Je ne me suis pas retourné chez celui qui m’a poignardé dans le dos. C’est une question d’engagement. Contrairement aux années passées, les négociations sont différentes. Les personnes qui ont été impliquées ne sont pas les mêmes. »

Il dit au passage qu’il appartient à l’opposition plurielle. Sans trop nous édifier ce qu’il en est réellement derrière cette appellation vide de sens créée par des frustrés du RPG, puis de l’UFDG mais qui veulent revenir à leurs vieilles amours, en désespoir de cause. Pour se faire un boulevard au RPG, Tellaino charge Dalein : « Lors des présidentielles 2015, il était convenu entre l’UFDG et le RDIG, de soutenir le candidat de l’UFDG, ainsi qu’aux élections communales, l’UFDG à son tour soutiendrait les candidats du RDIG dans ses fiefs qui est la Guinée forestière principalement à Kissoudougou et à Gueckédou.Mais à mon grand n’étonnement le président de l’UFDG en a décidé autrement en présentant ses propres candidats.Les communes rurales là où l’UFDG n’a pas présentée de candidats, leurs militants ce sont abstenus. » Et Telliano d’ajouter : « L’opinion nationale et internationale m’a vu sillonner toute la Moyenne Guinée à mes frais avec le président de l’UFDG Cellou Dalein Diallo, et conformément à notre alliance, il devrait m’accompagner en forêt ; mais malheureusement le moment venu il a pris son avion pour Dakar, ignorant ainsi notre alliance.Ma surprise à encore été plus grande, au moment où je m’attendais à un dénouement heureux de la crise qui m’opposait au Président El hadj Cellou Dalein Diallo, j’apprends que l’UFDG et le BL de Dr Faya Millimono, ont constitué une mission conjointe financée et entretenu par l’UFDG mon allié depuis 2013, pour aller à l’intérieur plus précisément en guinée forestière faisant semblant d’ignorer nos accords pour m’éliminer sur le terrain, ce qui est malheureusement n’est pas possible. »

Des griefs et d’autres que Telliano aurait dû régler bien avant. Mais, il a opté pour des raccourcis : la victimisation. Ce qui est évident, en politique, c’est un jeu d’intérêts. C’est de la surenchère. On comprendrait mal comment Dalein peut aller avec le RDIG en lieu et place du BL qui a beaucoup plus de sève à offrir. Certes, Dalein aurait dû ménager son allié d’hier, plutôt tenté aussi par l’argent que d’autres faveurs. En agissant ainsi, le CFO aurait évité de se voir estampillé de communautariste par ses adversaires. Et mieux, à l’approche de la présidentielle de 2020, il est question de mieux rassembler que de chasser des insatisfaits de la gestion Dalein. Ce qui est sûr, les départs massifs sont pour l’essentiel liés à la mauvaise gestion de l’opposition républicaine. C’est du moins, ce qui est plus apparent. C’est le motif invoqué par Sydia, par Kouyaté, par Aboubacar Sylla, par Telliano et les autres. Une introspection serait urgente afin de sauver ce qui peut l’être. Sinon, l’isolement serait indéniable. Pour certains proches de Dalein, tout est lié à l’argent. C’est que laisse croire aussi le PEDN : «En Guinée, on joue sur l’argent. Quand l’argent est donné, on est content. Pas de conviction. Il faut avoir de la conviction. La conviction doit être trempée », laisse entendre Lansana Kouyaté, dans la presse locale.

Quoi qu’il en soit, c’est Dalein qui doit ménager, rassembler et coordonner. Il y va de son intérêt, outre celui lié à la hantise de Sékhoutouréya.

 

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