Alors que l’installation des PA suscite des vives réactions des acteurs politiques et sociaux ainsi que les défenseurs des droits de l’homme, on assiste déjà à une difficile collaboration entre agents de sécurité et citoyens de la localité.

A en croire les témoignages des certaines victimes, le déploiement de cet impressionnant dispositif de sécurité, pour maintient d’ordre sur l’axe Hamdallaye-Bambéto-Cosa-Sonfonia-Cimentérie-Kagbélen, constitue une source de revenu pour certains agents de défense et de sécurité.

Selon les témoignages recueillis sur les lieux, ces agents de sécurité continuent à racketter les pauvres citoyens et les obliger à rentrer tôt dans la soirée. Arrêté par l’équipe de la patrouille mixte, un jeune raconte sa mésaventure :

« Quand on nous a arrêté, on a fait le tour. D’abord on a quitté Cosa, ils (les militaires) nous ont envoyés jusqu’à Lambandji. Mais ce qui m’a beaucoup choqué, ils ont même arrêté des passagers qui étaient dans un taxi pour leur descendre et les faire monter dans leur pick-up. En plus, ils font payer entre 300 000 et 500 000 FG. On était une vingtaine de jeunes arrêtés et moi, mes parents ont payé 300 000 FG. Mais avant d’être libéré, on nous a fait travailler toute la journée. », regrette ce jeune qui a préféré garder l’anonymat.

Avec cette situation, la cohabitation n’est pas facile. Ce qui fait que dans beaucoup de familles, on refuse à ces policiers, gendarmes et militaires, d’utiliser leurs toilettes, étant donné que l’Etat n’a pas envisagé des toilettes au niveau des PA. Une situation compliquée par ces hommes en uniformes, en cas de besoin biologique.

Sur la question, le responsable de la Communication de l’armée apporte quelques précisions. Pour Aladji Cellou Camara, « L’absence de toilettes au niveau des PA s’explique par le fait que nous voulons une réelle collaboration entre les populations civiles et les Hommes en uniforme. L’armée est issue des civils. Les populations doivent donc comprendre que ces policiers, gendarmes et militaires ne sont là-bas que pour les protéger. Vous avez vu par exemple, au niveau des PA, il n’y a pas de toilettes. C’est pour que ces Hommes en uniforme puissent être en contact avec les populations civiles. Nous avons même donné des instructions aux chefs de quartiers, donc à toutes les autorités locales dans ce sens »

S’agissant du mauvais comportement des ces agents de sécurité, qui rackettent des pauvres citoyens, le Directeur de l’Information et de Relations Publiques de l’armée, s’inscrit en faux contre cette information .

« Ça m’étonnerait que des militaires se rendent coupables de tels actes, d’autant plus qu’ils ont reçu pour instruction de ne pas bouger. Je ne vois pas comment ils pourraient s’attaquer à des citoyens pour retirer leurs motos », déplore-t-il.

En visite sur les lieux, mercredi 28 novembre, le ministre de la Sécurité, invite les agents de maintien d’ordre à agir sans état d’âme :

« Nous savons que votre travail est difficile mais vous allez l’accomplir sans état d’âme pour assurer la quiétude, la sécurité des personnes et des biens. Déjà, les populations riveraines, celles de l’intérieur même la diaspora, chacun nous appelle pour nous adresser les félicitations, pour vous encourager. Et la hiérarchie mettra tout en œuvre pour améliorer vos conditions de travail. Et c’est pour cette raison que nous sommes venus pour se rendre compte des difficultés dans lesquelles vous travaillez afin que des dispositions appropriées soient prises en fonction des moyens de l’Etat pour vous vous permettre de mieux accomplir votre mission », a promis Alpha Ibrahima Keira.

Pendant ce temps, des voix se lèvent dénoncer les graves violations des dispositions de la Constitution ainsi que les libertés publiques.

Selon cette catégorie de guinéens, le maintien d’ordre doit se limiter à la police et à la gendarmerie et non à l’armée.

Ibrahima Sory Camara