Le moment est vraiment mal choisi par l’ambassadeur des États-Unis en Guinée pour tenter de justifier l’augmentation du prix du carburant alors que la décision est contestée par la globalité des forces sociales.

 Lors d’une rencontre avec le Médiateur de la République, Mohamed Saïd Fofana, vendredi 20 juillet, l’ambassadeur des États-Unis ne s’est pas gêné de donner son avis, d’une certaine manière, sur la crise sociale. «Chaque dollar que le gouvernement doit payer en subvention pour le carburant, c’est un dollar qu’il ne peut pas utiliser pour l’éducation, pour la santé », tente de justifier Denis Hankins. Dans ce cas, estime le diplomate, les populations doivent accepter le sacrifice pour permettre à l’Etat de normaliser dépenses et revenus: «Alors, les populations paient dans un certain sens. S’il n’y a pas de subvention, alors nous pensons que c’est nécessaire. C’est une pratique globale, alors, il faut normaliser les revenus avec les dépenses».

Cette sortie de l’ambassadeur, rapportée par la Rtg, est considérée comme mal venue pendant cette période où les forces sociales appellent les citoyens à protester contre la décision unilatérale du gouvernement d’augmenter le prix du carburant. Beaucoup pensent que le diplomate aurait mieux fait de se taire sur cette question sensible et «ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures d’un État», comme le lui recommande l’article 41 de la Convention de Vienne sur les Relations diplomatiques.

Sur les pas du Russe

Le diplomate américain a ainsi emboîté les pas de l’ambassadeur russe, Alexander Bregadszé qui, lui aussi et également sur la Rtg, le 5 avril dernier, avait fustigé l’opposition républicaine pour ses manifestations.

«Il faut que l’opposition soit quand même plus responsable. Si vous appelez les gens à manifester, c’est vous qui êtes responsables de leur sécurité au moment de la manifestation (…) Les provocateurs, ceux qui jettent des pierres, détruisent des magasins, détruisent des voitures et qui détruisent les biens des autres, ce n’est pas bon ça. Et surtout, il ne faut pas appeler telle ou telle manifestation ville-morte, ça attire toujours la mort. Pourquoi ville-morte ? Ville paisible, ville apaisée, ville de paix c’est surtout la paix, pas de morts, pas de ville-morte. Pour l’avenir si l’opposition veut encore faire des manifestations, qu’elle n’appelle plus leurs manifestations ville-morte. Ça il faut exclure ça».

Au cours d’un déjeuner de presse au Palais Sékhouréya en janvier dernier, Alpha Condé avait mis en garde les diplomates contre toute immixtion dans les affaires internes guinéennes. «Quiconque s’interfère dans la politique intérieure de la Guinée, je lui mets dans le premier avion», avait prévenu le chef de l’Etat avant d’ajouter «moi, je suis élu par les Guinéens et non par des occidentaux».

C’est évident que l’Etat ne va pas condamner, tant bien qu’ils lui sont favorables, ces agissements des diplomates qui, de plus en plus, outrepassent leurs prérogatives pour s’immiscer dans les affaires internes de la Guinée.

 

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