Lors des événements de 2011, plus de 800 personnes ont été massacrées à Duékoué. Ici, des soldats ivoiriens patrouillent les rues de la ville, le 22 juillet 2012. Lors des événements de 2011, plus de 800 personnes ont été massacrées à Duékoué. Ici, des soldats ivoiriens patrouillent les rues de la ville, le 22 juillet 2012.

En Côte d’Ivoire, deuxième jour du procès d’Amadé Ouérémi devant le tribunal criminel d’Abidjan. Ce trafiquant de l’ouest ivoirien est soupçonné d’être l’un des artisans du massacre du quartier Carrefour de Duékoué les 28 et 29 mars 2011, au cours duquel plus de 800 personnes avaient été tuées lors de la prise de la ville par les forces pro-Ouattara. Ce jeudi, une dizaine de témoins ont été entendus.

Avec notre correspondant à Abidjan, Pierre Pinto

À l’ouverture des débats, le président pose une question claire à l’accusé : « Qui a donné l’ordre d’attaquer Carrefour ? », « C’est Losseni Fofana », répond Amadé Ouérémi, incriminant ainsi « Loss », l’un des principaux commandants de zone rebelles régnant sur l’Ouest, et qui aurait orchestré son arrestation en 2013.

À la barre, Amadé Ouérémi réaffirme qu’il n’a pas participé aux tueries les 28 et 29 mars 2011 et qu’il est resté à l’arrière. Il répète qu’il est un simple « élément » du groupe du lieutenant Coulibaly de Kouibly, lui-même aux ordres de « Loss ».

Un chef de milice
Pourtant, la plupart des 11 témoins interrogés présentent Amadé Ouérémi comme un chef de milice craint depuis plusieurs années dans la région, passé de petit mécanicien à riche planteur et trafiquant redouté. Tous accusent ses hommes d’exactions à Carrefour fin mars 2011. Des miliciens qui après avoir encerclé le quartier l’auraient pris d’assaut, pillant, violant, assassinant les hommes et les garçons.

Avant la guerre, « quand ses épouses sortaient en ville, elles étaient toujours escortées par plusieurs hommes armés », témoigne un pasteur dont le fils adolescent a été assassiné lors du massacre.

Reprise le 1er avril
Revenant sur les journées des 28 et 29 mars, un témoin affirme : « Je l’ai vu mener ses opérations en personne. Il avait quatre hommes pour le protéger. Je suis sûr que c’était lui ». Amadé Ouérémi dément encore.

Le procès reprendra mercredi 1er avril.

rfi Afrique