Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche à Niamey en soutien au régime militaire, qui a annoncé la veille envisager une transition de trois ans maximum, tandis que la menace d’une intervention militaire ouest-africaine plane toujours sur le Niger.

Comme lors de chaque manifestation favorable au nouveau régime, de nombreux slogans hostiles à la France et à la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) étaient scandés ou affichés sur des pancartes, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Non aux sanctions », « halte à l’intervention militaire », pouvait-on notamment lire, sur la place de la Concertation à Niamey.

Après avoir passé la nuit à Niamey, ils sont repartis dans la matinée de dimanche vers Abuja, selon une source au sein de la CEDEAO.

Contrairement à une précédente médiation ouest-africaine, début août, les émissaires ont donc pu échanger avec le général Tiani, mais aussi rencontrer Mohamed Bazoum, retenu prisonnier depuis le coup d’État.

Ce dernier est apparu souriant sur des images de la télévision nigérienne, lors de cette rencontre.

« Il y a de l’espoir, pas de doute », a déclaré M. Abubakar, estimant que la visite de la délégation a permis de « trouver une clé pour poursuivre les pourparlers jusqu’au dénouement de cette difficile affaire ».

« Agression »
Mais la sortie de crise est encore loin d’être acquise, car la CEDEAO exige le rétablissement dans ses fonctions de M. Bazoum et sa libération immédiate.

Dans son discours de samedi soir, le général Tiani n’a pas mentionné une seule fois le président déchu.

L’organisation ouest-africaine, qui a pris de lourdes sanctions économiques contre le Niger depuis le 30 juillet, menace d’utiliser la force si elle n’obtient pas gain de cause.

Vendredi soir, après une réunion de ses chefs d’état-major, elle a même indiqué que le « jour de l’intervention a été fixé », tout comme les « objectifs stratégiques, l’équipement nécessaire et l’engagement des États membres ». Aucun calendrier n’a toutefois été dévoilé.

Une menace prise au sérieux par le général Tiani, qui a prévenu samedi soir que le Niger ne resterait pas les bras croisés en cas d’intervention.

« Si une agression devait être entreprise contre nous, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains croient », a-t-il affirmé, assurant que la CEDEAO souhaitait mettre « sur pied une armée d’occupation en collaboration avec une armée étrangère », sans citer de pays.

Dimanche, au Vatican, le pape François a appelé à une « solution pacifique le plus tôt possible », disant se joindre « à l’appel des évêques en faveur de la paix dans le pays et de la stabilité au Sahel ».

La veille, l’Algérie, qui partage une longue frontière avec le Niger, avait fait de même.

« Avant que l’irréparable ne soit commis, et avant que la région ne soit prise dans l’engrenage de la violence dont nul ne peut prédire les conséquences incalculables, l’Algérie appelle toutes les parties à la retenue, à la sagesse et à la raison », a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le Niger lutte depuis plusieurs années contre des groupes djihadistes dans différentes régions de son territoire.

Alliés traditionnels du Niger, les États-Unis, qui déploient quelque 1100 soldats, ont annoncé l’arrivée d’une nouvelle ambassadrice. Kathleen FitzGibbon ne présentera cependant pas officiellement sa lettre de mission aux nouvelles autorités, a précisé Washington, qui ne les reconnaît pas.

Les attaques sanglantes des groupes djihadistes n’ont quant à elles pas faibli. Mardi, au moins 17 soldats ont été tués dans une attaque près du Burkina Faso, la plus meurtrière depuis le coup d’État.

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