L’international sénégalais est connu pour ses positions contre le racisme. L’attaquant de Basaksehir a mené la révolte des joueurs contre les mots du 4e arbitre lors de la rencontre face au PSG en Ligue des champions ce mardi 8 décembre au Parc des Princes.
À huis clos, dans le froid de l’hiver parisien, des joueurs ont commencé à s’agglutiner sur le bord du terrain, appelés notamment par l’attaquant remplaçant de Basaksehir, Demba Ba. Sorti du banc, avec sa doudoune chaude et sa cagoule sur la tête, l’international sénégalais, natif de la région parisienne, était très remonté.
« Quand vous parlez d’un homme noir, pourquoi dites-vous « ce Noir »? »
Quand l’arbitre délégué Sebastian Coltescu a été entendu désignant l’entraîneur adjoint Pierre Achille Webo comme « le noir » en roumain (« negru »), il a déclenché la colère des joueurs et de l’encadrement du club turc puis du PSG qui, de concert, ont quitté la pelouse après quelques minutes de discussions tendues. Du jamais vu au plus haut niveau dans un monde du football souvent taxé de laxisme et d’indifférence envers notamment le racisme.
« Vous ne dîtes jamais « ce Blanc », vous dîtes « celui-là », alors quand vous parlez d’un homme noir, pourquoi dites-vous « ce Noir » ? », s’emporte en anglais Demba Ba, ancien joueur de Chelsea. Kylian Mbappé vient dire qu’il ne reprendra pas le jeu si Sebastian Coltescu reste sur le terrain. Après dix minutes de discussions tendues, les joueurs rentrent aux vestiaires. Deux heures plus tard, l’UEFA officialise le report.
Lors de cette soirée agitée au Parc, Demba Ba a marqué les esprits, d’une façon différente. Si en 2014, il avait éliminé le PSG d’un but du tibia lors des quarts de finale, cette fois, c’est en tant que remplaçant que le natif de Sèvres, à quelques encablures du Parc des Princes, a marqué de son empreinte cette rencontre qui restera dans l’histoire de la C1. Le héros de la soirée n’avait pas les crampons au pieds, mais la colère au fond du cœur.
Le joueur a toujours réagi au actes racistes dans son sport. Lorsqu’il y a quelques mois Romelu Lukaku avait été victime de cris de singe du côté de Cagliari, Demba Ba avait écrit sur son compte Twitter : « Voilà la raison pour laquelle j’ai décidé de ne pas jouer en Italie lorsque j’en avais la possibilité. À ce stade, j’espère que tous les joueurs noirs vont quitter ce championnat. Cela n’arrêtera certainement pas leur stupidité et leur haine, mais au moins, ils n’affecteront pas les autres races. »
Quelques mois plus tard, c’est le sort des Ouïghours, persécutés en Chine, qui mettait en colère Demba Ba. « Quand allons-nous voir le reste du monde défendre les musulmans ? Je sais qu’il y a des footballeurs qui veulent se battre pour la justice, qu’ils soient musulmans, bouddhistes, chrétiens ou de tout autre croyance. En tant que sportifs, nous avons un pouvoir que nous ne connaissons même pas. Si on se réunit et qu’on parle, les choses changent. Si nous nous levons, les gens se lèvent avec nous », disait-il à BBC Sport.
Victime de racisme en Chine
Demba Ba ne sait pas faire la sourde oreille. Et surtout, il n’a pas supporté ce nouvel affront vis-à-vis de Pierre Webo, ex-attaquant de l’équipe du Cameroun, aujourd’hui son entraîneur. À 35 ans, Demba Ba est passé par différents clubs depuis 2006. Dans sa carrière de globe-trotteur (Belgique, Allemagne, Angleterre, Turquie, Chine), il a été plusieurs fois confronté à ce genre de situation. En 2018, alors qu’il jouait pour le Shanghai Shenhua en Chine, il avait été victime d’injures racistes par un de ses adversaires du club de Changchun Yatai, finalement suspendu six matches par la Fédération chinoise.
« Bienvenue en Occident, là où le Blanc se croit tellement supérieur que racisme et débilité deviennent banalité », avait taclé Demba Ba alors que deux médecins évoquaient la possibilité d’effectuer des études sur le coronavirus sur des patients en Afrique, sur le plateau de LCI au printemps dernier.
rfi