Selon les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante ce mardi matin, Alassane Ouattara a obtenu 94,27% des voix.
Après avoir proclamé les résultats département par département pendant plus de deux jours, la Commission électorale indépendante (CEI) a annoncé mardi matin à l’aube les résultats complets de la présidentielle du samedi 31 octobre. Alassane Ouattara, 78 ans, est vainqueur avec 94,27% des voix.
Pascal Affi N’Guessan et Henri Konan Bédié, qui ont boycotté le scrutin mais n’avaient pas retiré formellement leur candidature, sont crédités respectivement de 0,99% et 1,66%. Kouadio Konan Bertin obtient 1,99%, selon ces chiffres officiels.
« Est donc élu président de la République M. Alassane Ouattara », a déclaré le président de la CEI, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, après avoir lu les scores.
Autre chiffre, le nombre d’électeurs ayant été en mesure de voter parce que leurs bureaux de vote ont ouvert : plus de 6 millions. Ce qui signifie qu’1,5 million d’électeurs n’ont pas pu voter, alors que le scrutin se déroulait dans le cadre d’un mot d’ordre de désobéissance civile. Le taux de participation s’élève à 53,90%, alors que le scrutin de samedi avait été émaillé d’incidents et de violences. La CEI a désormais trois jours pour transmettre ces résultats au Conseil constitutionnel, qui a sept jours pour les valider.
Lors d’une conférence de presse, le candidat Kouadio Konan Bertin demande a convocation immédiate d’une conférence nationale pour une réconciliation nationale. KKB ajoute qu’il privilégie une élection « très imparfaite à une guerre civile ». Il déclare également féliciter le « président Alassane Ouattara pour sa réélection ».
Nuit agitée
La nuit d’attente a aussi été une nuit de tension. Selon le secrétaire exécutif du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Maurice Kakou Guikahué, des détonations ont été brièvement entendues en fin de soirée près des résidences de différents leaders de l’opposition : Henri Konan Bédié, Pascal Affi N’Guessan, Albert Toikeusse Mabri, Assoa Adou. Selon ce que disent les opposants que nous avons pu joindre, il s’agirait de détonations de grenades ou de tirs en rafales.
Assoa Adou, le secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI), parle de deux pick-up de la police qui seraient passés à ce moment-là accompagnés d’un camion de policiers en civil ou en tenue.
Les opposants établissent un lien entre ces détonations et la création lundi soir par l’opposition d’un Conseil national de transition, présidé par Henri Konan Bédia, qui devra, disent-ils, préparer le cadre d’élections présidentielles justes, transparentes et inclusives, et convoquer des assises pour la réconciliation nationale. « La coïncidence est trop flagrante », estime Maurice Kakou Guikahué que RFI a pu joindre lundi soir au téléphone.
La justice saisie
Ce mardi matin, le gouvernement saisit la justice suite à la désobéissance civile et la création du conseil nationale de transition. Dans une déclaration à la presse, le gouvernement ivoirien indique que la mise en place d’un conseil national de transition « devant se substituer aux institutions républicaines légalement établies », de même que les violences perpétrées suite au boycott actif « constituent des actes d’attentat et de complot contre l’autorité de l’État et l’intégrité du territoire national ». Le ministre de la Justice Sansan Kanbile a annoncé que le procureur de la République et le tribunal de première instance d’Abidjan avaient été saisis « afin que soient traduits devant les tribunaux les auteurs et les complices de ces infractions ».
Concernant les tirs et les détonations entendues hier soir près du domicile de certains leaders de l’opposition, le ministre de la Sécurité Diomande Vagondo a affirmé que les forces de l’ordre avaient procédé à du maintien de l’ordre avec la « dispersion de petits groupes ».
Alassane Ouattara avait été élu une première fois en 2010, puis réélu en 2015. En mars dernier, il avait annoncé qu’il ne se représenterait pas avant de changer d’avis en août après le décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
Source : Rfi