Dans cette ébauche que nous avons le plaisir de présenter au grand public,  est notre façon de contribuer à éclairer la lanterne de nos concitoyens sur les non-dits dans la gouvernance des organisations non gouvernementales qui constituent l’un des acteurs non des moindres dans le processus de développement de notre pays.

Ici, loin de procéder à faire un bilan dans le processus de gestion des fonds collectés de part et d’autre par ces organisations au nom du développement, nous allons nous évertuer à communiquer sur des modes de gestion dissimulés de la part de certains de ces acteurs non étatiques qui parlent au nom de la société civile guinéenne.

Il sera tout d’abord question de faire une typologie des organisations ou associations appelées « ONG ».

Premièrement, il y a des ONG dites de plaidoyer, ce sont des organisations qui se spécialisent dans les actions de sensibilisation, d’éducation de masse dont l’essentiel des ONG guinéennes s’identifient à cette catégorie.

Deuxièmement, il y a des ONG dites de développement autrement appelées ONG-TRAVAUX, ce sont des organisations qui font à la fois des actions de sensibilisation et la réalisation des ouvrages d’intérêt public comme les écoles, centre de santé, pistes rurales, le reboisement et autres.

Troisièmement, il y a ce que l’on appelle des ONG de financement, ce sont des ONG qui mobilisent des fonds à l’international et viennent investir dans les pays du Sud en utilisant les services des organisations locales avec lesquelles elles partagent les mêmes champs d’intervention ou missions. Cette catégorie s’adresse  pour la plupart des cas aux ONG internationales.

Cette classification est notre façon d’informer les ONG locales et nationales de s’inscrire dans une logique et savoir ce qu’elles doivent faire ou éviter dans leur mission de mobilisation des ressources ou la recherche des financements auprès des ONG internationales qui ne sont pas toutes des ONG de financement, car ces dernières cherchent des financements au même titre qu’elles, à la différence, celles-ci sont mieux structurées et disposent d’un plan opérationnel dans le long terme ou plan stratégique et elles ont une forte capacité d’absorption des fonds.

Dans le contexte guinéen, nous avons remarqué en tant qu’analyste des questions de développement, qu’il y a toujours eu une forte mobilisation des fonds de la part des ONG dans le cadre des services au développement, mais les résultats ne sont pas visibles car, l’idée de se constituer en association par les initiateurs au départ est toujours faussée dans les pratiques une fois que les bénéfices commencent à tomber. C’est autant dire que l’on ne se met pas au service de l’organisation mais c’est plutôt se servir de l’organisation qui préoccupe la plupart des promoteurs d’ONG nationales.

Le constat effectué en Guinée est que les ONG les plus grandes sont toujours les plus prospères et les plus petites sont toujours les plus malheureuses car, il y a toujours une solidarité de mission et d’option qui ne dit pas son nom qui se développe entre les promoteurs. Les ONG les plus grandes raflent toujours les grands fonds des partenaires au développement et excluent dans le processus les jeunes associations inexpérimentées. Ce qui est encore dommage, c’est que les gens créent des organisations sans vision, souvent ils sont emportés par des effets de modes qui préoccupent les bailleurs en fonction des préoccupations et tendances du moment, une fois que ces problèmes sont résolus à moitié, ces organisations cessent d’exister.

Dans le cadre de la gouvernance, la plupart des ONG ne respectent pas le contenu des statuts et règlements intérieurs qu’elles ont elles-mêmes rédigés.Rares sont les ONG qui respectent la rotation de la présidence tournante ; il y a une semblance d’organisation des assemblées générales comme le stipulent les textes fondateurs que les membres fondateurs manipulent à souhait. Cependant, ces mêmes responsables qui s’érigent en petits syndicats au nom de la Société civile s’acharnent contre les pouvoirs publics pour le respect des textes juridiques qui sont censés orienter la gouvernance politique du pays. Rares sont les fondateurs d’ONG qui acceptent l’alternance et acceptent de quitter la présidence de leur organisation en fin de mandat théorique.

Dans la gouvernance, les malversations sont visibles, car le constat effectué de nos jours démontre que les responsables de grandes ONG vivent dans le luxe, la question que l’on se pose est de savoir : d’où proviennent ces richesses ou elles tirent leurs sources ?

Les partenaires au développement ne financent les projets que sous forme d’appui financier ou subvention. Cela voudrait dire que les ONG doivent avoir un minimum de ressources propres qui peuvent être de diverses natures avant de solliciter un appui pour la réalisation  des projets initiés.

C’est donc à la recherche du manque à gagner pour la réalisation des projets qui amènent les responsables d’ONG à concevoir un dossier de financement à l’attention des bailleurs potentiels qui, à leur tour accordent une assistance sous forme de subvention.

Aujourd’hui, regroupés au sein des grandes plateformes, ces responsables s’enrichissent sur le dos des jeunes associations membres de leurs plateformes qui ne bénéficient nullement pas d’appui financier de leur corporation. Ce sont les bandes de petits copains qui font le beau temps au nom de la société civile guinéenne et se disent donneur de leçons de bonne gouvernance.

Les fonds injectés par les partenaires financiers dans le processus de développement national depuis 1984 dans notre pays, si ces fonds avaient été bien orientés, ils auraient contribué à réduire la pauvreté dans certaines localités du pays.

Le rôle essentiel des ONG est de servir d’interface entre les partenaires financiers et les populations d’une part et servir d’interface entre l’Etat et les populations d’autre part, car, dans le cadre de l’aide publique au développement, il y a ce que l’on appelle les partenariats bilatéraux et les partenariats multilatéraux.

Les partenariats bilatéraux sont souvent établis entre Etats d’une part et entre les institutions et les Etats d’autre part. Ce type de partenariat concerne pour la plupart du temps des organisations du système des nations unies  notamment la FAO, l’OMS, UNFPA et l’Union Européenne pour ne citer que celles-ci qui financent difficilement les ONGbien qu’elles disposent des bureaux pour les ONG dans les différents pays ; ce sont des institutions qui signent des accords de coopération qu’avec les autorités nationales représentées par les ministres ou  lesresponsables des services publiques ; leur soutien financier peut toucher les ONG à condition que celles-ci soient reconnues par les différents départements ministériels de leurs pays d’origine à travers l’existence d’une convention de partenariat.

Concernant les partenariats multilatéraux, ils peuvent être établis entre les institutions de financement et les gouvernements des pays d’une part, mais aussi entre ces institutions et les organisations locales de développement d’autre part, c’est le cas des agences de coopération internationale telles que l’USAID, l’AFD, la JICA, KFW, China Aid, l’ACDI etc. Il existe aussi des fonds discrétionnaires des ambassades des pays du nord qui financent les gouvernements des pays du Sud et des organisations locales.

En définitive, nous pouvons retenir que malgré d’énormes contributions des ONG au développement de notre pays, il y a nécessité de rappeler certains promoteurs à l’ordre qui créent des organisations pour s’en servir car, ces organisations locales bénéficient d’une forte marque d’attention de la part des partenaires au développement dont les dividendes  de leur intervention ne parviennent que rarement aux populations bénéficiaires au nom desquelles les partenaires financiers interviennent via les ONG.

Si les différents fonds injectés dans l’appui au développement local  et national étaient rationnellement utilisés, les différentes interventions de ces organisations nationales auraient contribué à réduire la pauvreté  qui s’observe aujourd’hui  avec acuité dans nos localités.

Une attention doit alors être accordée aux ONG nationales qui sont des milliers à s’enregistrer sur le territoire national ayant à leur tête certains grands commis de l’Etat qui passent des marchés à ces ONG fantômes à la faveur d’une crise humanitaire ou sociale au détriment des organisations sérieuses cachées dans l’ombre.

DOUMBOUYA  Mamadou, Sociologue

E-mail : doumbouya.expert@gmail.com