Les critiques et prises de position acerbes du journaliste Thierno Mamadou Tanou Diallo contre le régime du président Alpha Condé a risqué de coûter la vie à sa famille la nuit du 19 au 20 mars.

Actuellement au Canada, le journaliste qui s’était illustré à Conakry en dénonçant la violation des droits humains et de la mal gouvernance et le détournement des deniers publics sur les plateaux des télévisions et radios privées passe actuellement un mauvais quart d’heure. Motif ? Sa famille,  sa femme,  ses deux enfants et sa maman vivant à Conakry ont échappé de justesse à un assassinat à son domicile à Kipé dans la commune de Ratoma,

Des gendarmes lourdement armés ont escaladé les mûrs pour rentrer dans la cour où se trouve la famille du journaliste à 3 heures du matin.

Les gendarmes dont deux cagoulés selon un voisin qui était à l’étage ont défoncé la porte accédant au salon. La serrure a été brisée ainsi que les vitres de la fenêtre  par les hommes en uniforme qui ont eu accès à l’intérieur de la maison. Mme Diallo se trouvant dans la chambre avec ses deux enfants  a été violemment malmenée avant d’être violée par deux gendarmes. Chose confirmée par le médecin légaliste Dr Alpha Amadou Diakité au micro de nos confrères de la radio SOLEI FM.  La maman du journaliste qui était dans la deuxième chambre bien qu’avancée en âge n’a pas échappée à la barbarie des visiteurs.  A 4h du matin, la vieille femme a été évacuée  dans une clinique  du quartier pour les premiers soins avant d’être transférée au CHU de Donka.

« Elle a reçu des coups violents  au niveau de la tête, ce qui a causé cette hémorragie, » précise le médecin.

Après leur sale besogne, les bidasses ont détruit  les appareils électriques se trouvant au salon notamment la télévision et brisé les vitres.

 « D’abord, j’ai entendu quelqu’un taper à la porte, j’ai regardé l’heure, il était 3h 26 mn. Je n’ai pas répondu puis j’ai entendu un autre dire s’ils  n’ouvrent pas défonçons la porte. Après trois coups, la porte a cédé.  Ainsi qu’ils ont commencé de faire des tirs de sommation. Ce qui m’a sauvé heureusement j’ai dis aux enfants de ne pas crier, ils ont alors pensé que personne ne se trouve dedans. Mais durant une douzaine de minutes ils  étaient là en tirant et insultant mon mari en lui traitant comme l’ennemi du pouvoir,» nous témoigne ce matin larmes aux yeux la femme du journaliste visiblement traumatisée.

Au domicile du journaliste, nous constatons d’énormes dégâts matériels.

A la sortie des gendarmes, ils ont tiré sur un jeune dans les environs qui avait ouvert la cour pour savoir ce qui se passe au dehors. Heureusement, ce dernier a été atteint par la balle au niveau de l’épaule gauche et il est actuellement hospitalisé  à la  clinique jean Paul II de Conakry.

A 19h, ce vendredi, nous dit-on, un pickup de la gendarmerie a momentanément stationné à la rentrée du domicile du journaliste.

« Quand ils ont garé tous armés, nous avons vu un gendarme indexer le domicile et dire c’est ici, » témoigne ce samedi matin un voisin du journaliste.

Depuis 2015, les journalistes tirent le diable par la queue en Guinée. Cherif Diallo de la Radio Espace FM a été porté disparu et son corps a été retrouvé une semaine après au bord de la mer. Le 5 février 2016, Elhadj  Mohamed Koula, journaliste à guinee7.com  a été assassiné à Conakry alors qu’il couvrait une activité politique.

Mandjan Sidibé de la radio Planète FM  qui vit actuellement en France a échappé à un assassinat en 2013.

Interpellé par un journaliste de notre rédaction sur le cas d’assassinat que la famille de notre confrère vient d’échapper, le procureur Sidi Souleymane N’Diaye dit qu’il a d’autres  chats à fouetter en dehors de ce dossier inquiétant.

Sans vouloir se tromper, on peut reconnaître qu’il est difficile d’exercer le métier de journalisme en Guinée si l’on défend des valeurs démocratiques. L’inquiétude est aujourd’hui comment protéger la famille de Thierno Diallo  si ceux qui sont sensé de dire le droit sont complices.

Minkael BARRY

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