Au coeur du quartier Koloma 2, dans le secteur Nasroulaye, Commune de Ratoma, se trouve un petit marché. La zone intrigue d’abord par les difficultés à y accéder. Des ruelles boueuses et insalubres, qui dégagent des odeurs nauséabondes. Des eaux usées qui stagnent partout.

Ce petit marché a perdu sa vocation commerçante, pour se transformer en un lieu de débauche. On y trouve des bars, une clinique, un four à pain. Mais aussi et surtout des boutiques devenues des dortoirs pour des prostituées… Pour tout dire, des chambres de passe. Mais aussi, une zone de prédilection pour des vendeurs et des consommateurs de stupéfiants. La fumée et l’odeur du chanvre indien y sont de mise. Bref, la décence a pratiquement déserté les lieux.
La vente de condiments et autres marchandises est une activité reléguée au dernier plan.
Jour et nuit, matin et soir, ce petit marché connaît une ambiance folle. Les bagarres y sont quotidiennes. Des cris et des injures sont également fréquents.

Une paire de ciseaux est l’un des compagnons préférés des jeunes délinquants qui y ont élu domicile. Conséquence, des nouvelles de personnes poignardées sont fréquentes dans le secteur de Nasroulaye. Dont certains habitants se méfient de toute promenade nocturne.

Dans cet univers où le sexe et la drogue sont bon marché, se sont invités des marabouts. Ou du moins, des gens qui se présentent sous cette couverture. Ils offrent leurs services aux prostituées du coin. Pour pouvoir s’attirer la clientèle, des filles consultent ces marabouts. Ces  »karamokos », comme on les appelle sur place, leur proposent des amulettes qu’elles attachent autour de leurs hanches. Entre autres, ces amulettes sont censées leur éviter une grossesse indésirable. « Moi, le gris-gris que je porte aux hanches m’évite de tomber enceinte. J’ai fait beaucoup d’avortements ou éliminer des grossesses. Mais depuis que le marabout m’a donné ça, je n’ai plus attrapé une seule grossesse », explique une jeune femme qui, c’est le moins qu’on puisse dire, vit dans ce marché.

Les amulettes des marabouts sont aussi convoitées par des jeunes hommes. Leur objectif, échapper aux forces de sécurité qui y font des descentes régulières. Sous l’anonymat, ce jeune homme explique : « Le talisman que tu vois sur mon bras, dès qu’un danger m’approche, ça me serre la peau. Je l’ai eu à un prix très cher, mais il m’évite d’être arrêté par les agents de la police et de la gendarmerie qui débarquent souvent ici », affirme, le plus sérieusement du monde, ce jeune homme qui a une réputation de trafiquant de drogue dans la zone.

En effet, des agents de la BAC (Brigade anti-criminalité) font souvent des incursions inopinées dans ce petit marché de Koloma2. Certaines personnes sont interpellées à ces occasions. Quand les uns purgent parfois des peines, d’autres, par contre, rejoignent le quartier moins de 24 heures après.

La population riveraine qui s’alarme depuis des années, pense que les autorités de Koloma devraient mettre un terme à cette situation. La solution, disent des citoyens, étant l’interdiction de toute activité illégale dans ce petit marché de la débauche.

 

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