Sur son site officiel, le vice président déçu de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), Bah Oury a fait une analyse minutieuse des crises qui minent la Guinée notamment celle de la Cour  Constitutionnelle, la répression barbare des jeunes manifestants à Mandiana par les bérets rouges etc. Lisez !

La crise au sein de la Cour Constitutionnelle, la non-installation des élus communaux plus de huit mois après leur élection, la réponse répressive face aux revendications et aux protestations sociales comme à Mandiana, et l’illisibilité de la démarche gouvernementale nous inquiètent et nous interpellent.

La fronde animée par des conseillers de la Cour Constitutionnelle contre leur président M. Kaléfa SALL en actant une motion de défiance à son encontre et sa « destitution » , a jeté l’émoi et la stupeur au niveau de l’opinion. Les conséquences de cette initiative sont désastreuses pour la Guinée tant pour son image que pour sa stabilité.

En effet, l’inauguration de l’instabilité de l’institution chargée de veiller au fonctionnement de l’Etat et de toutes ses composantes conformément aux principes du droit et des lois de la République , jettera incontestablement notre pays à la merci de dérives et d’aventures politiques en mesure de remettre en cause l’ordre constitutionnel .

Notre récent passé est à la fois suffisamment évocateur et tragique pour que soient empruntés encore les chemins qui mènent au chaos et à la ruine de la paix civile. En passant à l’action pour « décréter la destitution du président de la cour constitutionnelle » malgré son mandat irrévocable de neuf ans, les frondeurs ont ouvert la boîte à pandore qui en cas de succès, n’épargnera à tour de rôle aucune de nos institutions y compris la Présidence de la République.

La logique de la déstabilisation s’apparente le plus souvent aux jeux d’échec où l’effet domino est recherché pour atteindre une cible stratégique qui de prime abord est inaccessible. Il faut rapidement stopper cette mécanique dangereuse pour la paix et la stabilité de la Guinée, en respectant scrupuleusement le mandat de l’actuel président de la cour constitutionnelle.

Une logique analogue est mise en œuvre pour retarder l’installation des élus communaux qui depuis le 04 février 2018 attendent d’être installés. Des prétextes fallacieux au regard des lois de la République notamment le code électoral ont été brandis par « l’opposition républicaine » d’un côté et la passivité tacite du ministère régalien de l’administration du territoire de l’autre côté empêchent jusqu’à présent que les élus prennent en charge la gouvernance locale.

Ce blocage institutionnel sciemment entretenu du fait de l’absence des élus locaux dûment investis, a créé le vide et expose le gouvernement de M.Kassory FOFANA à des contestations de toutes natures. Ainsi les désillusions des jeunes en proie au chômage, à l’aggravation de la pauvreté et inquiets pour leur avenir utilisent la rue pour se faire entendre.

C’est cette réalité qui a fait déferler des jeunes de Mandiana dans la rue pour exprimer leur colère et leur ressentiment. La réponse répressive de la part des autorités publiques qui a causé la mort par balle réelle d’un manifestant est mauvaise, inappropriée et inacceptable. Le gouvernement en retardant délibérément l’installation des exécutifs communaux s’est tiré une balle au pied.

En effet, ces élus constituent des médiateurs privilégiés capables de représenter et d’écouter les populations afin de canaliser les revendications populaires et d’y apporter des réponses concrètes par le biais de mesures communales par le développement local, l’insertion professionnelle et par des conseils avisés. Le cas de Mandiana est « comme l’arbre qui cache la forêt » en effet le désarroi est ressenti par tous les jeunes de Guinée.

Ce n’est guère étonnant de constater qu’ils constituent la légion majoritaire parmi les ouest-africains qui s’engagent au péril de vie pour la migration clandestine. Ils méritent d’être écoutés par les autorités de leur pays et la politique du bâton et du gourdin ne fera qu’aggraver la situation.

Le gouvernement de M. Kassory Fofana doit remettre en sellette le dialogue social , l’équilibre indispensable de nos institutions et leur stabilité , la primauté du droit et du respect des lois , la transparence et la bonne gouvernance. Il doit en faire ses priorités effectives comme il l’avait promis dans sa politique générale présentée à l’Assemblée Nationale. Il tarde à en faire les marqueurs de son action.

La politisation en outrance de la vie publique nationale est mauvaise conseillère. Nous devons tous faire preuve de retenue et de responsabilité car notre intérêt national le recommande car notre pays est fragile.

Par Bah Oury, le vice Président destitué de l’UFDG pour leverificateur