«La CAF n’a pas de plan B et la CAF n’a jamais réfléchi à un retrait de la CAN au Cameroun». Ce 2 octobre 2018 à Yaoundé, à cinq jours de la présidentielle, au sortir d’une entrevue avec Paul Biya, le patron de la CAF semble avoir changé son fusil d’épaule. Une déclaration qui tranche avec sa petite phrase au vitriol de Ouagadougoumais aussi avec le scepticisme de la CAF lors de sa réunion de Charm El-Cheikh fin septembre.
La rencontre Biya-Ahmad, le cadeau en or de Samuel Eto’o pour la campagne
Une réunion à l’issue de laquelle, l’instance dirigeante du football africain avait mis en délibéré sa décision d’un nouvel appel à candidature ou d’un ultimatum de la CAF au Cameroun jusqu’à fin novembre après la présidentielle tout en soulignant «un retard important» dans la livraison des 7 stades, des 25 terrains d’entraînement et des infrastructures hôtelières. Avec la visite qualifiée par l’intéressé de «courtoisie», Ahmad Ahmad semble avoir infléchi sa position. Et un personnage clef pour le foot camerounais a endossé le maillot de lobbyiste pour son pays.
La rencontre Biya-Ahmad n’aurait sans doute pas eu lieu si Samuel Eto’o n’avait pas joué de son entregent pour ramener le patron du football africain afin de mettre de la mousse sur le feu des relations distendues entre les deux parties. D’un côté, les autorités sportives camerounaises avaient soutenu être en mesure de tenir la CAN 2019 du 15 juin au 13 juillet 2019 à date échue et dans les meilleurs conditions. De l’autre, la CAF avait pointé une série de retards qui l’ont amenée à penser à une délocalisation de la 32è édition avec un pays organisateur de substitution. Un tiraillement qui avait pousséPaul Biya à se porter garant d’une organisation de la CAN sur le sol camerounais au « jour J».
Soutien officiel de la candidature de Paul Biya à un septième mandat, Samuel Eto’o offre un cadeau en or au président sortant. En pleine campagne, ce dernier peut ajouter ce demi-succès diplomatico-sportif à son bilan. Et qui sait, peut-être même serait-ce son premier chantier dans le cas où il serait réélu. Toutefois, si le Cameroun qui met les bouchées doubles, réussit à finalement écarter le spectre du retrait de l’organisation de la CAN 2019, une partie des retombées du succès reviendrait à Samuel Eto’o.
Eto’o, entre «lobbyiste» et «Sherpa» officieux
Artisan de la rencontre Biya-Ahmad, la star était à bord du Falcon 900, le jet privé qui a ramené Ahmad Ahmad à Yaoundé. Dans un cliché largement partagé sur les réseaux sociaux, la star camerounaise apparaît en qamis blanc, aux côtés du patron de la CAF, de Dieudonné Happi, membre du comité de normalisation de la Fécafoot et du journaliste sportif, Joseph Antoine Bell.
Et pour la rencontre entre le président de la CAF et le président camerounais, Samuel Eto’o a aussi réuni le gratin des stars camerounaises du foot de Roger Milla à Geremi Njitap en passant par Rigobert Song, un autre soutien du président camerounais pour la campagne électorale. Pour beaucoup, le Cameroun obtient un répit, sauvé par l’ex-star de Barça. Par patriotisme -ou opportunisme Samuel Eto’o semble avoir trouvé une autre vocation, celui de jouer de son aura pour polir l’image de son pays. A mi-chemin entre la politique et le sport, sa nouvelle reconversion risque de se heurter au mélange des genres.
La Afrique Tribune