Dans un entretien qu’il a bien voulu accorder à nos confrères du quotidien Guinéenews, Souleymane Keita, Conseiller chargé de mission du président de la République Alpha Condé et par ailleurs Coordinateur de la Cellule de communication du RPG Arc-en-ciel, le parti au pouvoir, s’est prononcé ce jeudi 26 juillet sur la crise socioéconomique consécutive à un réajustement de 25 pour cent des prix des produits pétroliers à la pompe depuis le 1er juillet. En outre M. Kéita à l’instar du Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, se dit favorable à une refonte de la classe syndicale. Lisez!
L’inter centrale syndicale campe sur le retour du prix des carburants à 8 000 fg comme préalable à toute négociation avec le gouvernement. Celui-ci, en revanche, voudrait discuter sur les mesures d’accompagnement. Qu’est-ce qu’il faut, à votre avis, pour concilier ces deux positions qui sont du moins tranchées?
Souleymane Kéita : dans toute société démocratique, il y arrive des moments d’incompréhension. Il faudrait que les différents acteurs prennent de l’ascendance pour pouvoir les transcender afin d’avancer. Pour ce qui est de la crise actuelle, nous pensons qu’elle est partie d’une incompréhension qui devrait se résoudre rapidement. Le syndicat accuse le gouvernement de réajuster unilatéralement le prix du litre du carburant à la pompe. Cela n’est pas à rejeter. Mais à partir du moment où le gouvernement s’est mis dans une posture de négociations, nous ne voyons pas de raison que le syndicat refuse de venir à la table de négociations pour discuter sur les mesures d’accompagnement. Il ne faut pas seulement regarder le réajustement du prix, mais plutôt les objectifs qui ont conduit à ce réajustement. Est-ce que l’augmentation est faite de façon fantaisiste ? Je m’inscris en faux contre cette approche du problème. Nous sommes conscients de la réalité sur le plan international. Le prix du baril du pétrole est en perceptuelle variation. Les accords entre le syndicat et le gouvernement stipulent que le gouvernement réajuste le prix du carburant en fonction de la réalité sur le marché international…
Souleymane Kéita : c’est un argument politique. Je ne vois pas la raison qui pousse les forces sociales à vouloir en découdre avec le gouvernement sur un retour au prix initial des produits pétroliers à 8 000fg. Les forces sociales devraient plutôt s’intéresser à la lutte contre la corruption, à l’éducation citoyenne (…). Qu’est-ce que la société civile fait contre l’insalubrité ? Qu’est-ce qu’elle fait dans le sens de l’unité nationale ainsi que dans le cadre de renforcement de la gouvernance (…). Le prix du carburant c’est bien une autre chose. Parce qu’il est fixé à partir de l’international. La Guinée ne peut pas déroger à cette règle (…). Il y a des économistes légers qui sont en réalité à la recherche d’autres objectifs qui ne soient pas la satisfaction des besoins des populations (…). Dire que l’Etat doit réduire son train de vie, je vous informe d’ailleurs qu’il y a certains syndicalistes et certains membres de la société civile qui reçoivent plus de traitement qu’un ministre de la République. Un ministre n’est pas payé à plus de dix millions de nos francs. Alors que nous savons quels sont les traitements qui sont alloués aux gens qui sont en train de raconter tout aujourd’hui. Le gouvernement a beaucoup de chantiers et de priorités notamment de routes, écoles, hôpitaux l’agriculture (…). Comment trouver l’argent pour investir dans tous ces secteurs ? Donc, le réajustement du prix du carburant devrait plutôt déboucher sur la mise en place d’un ensemble de mesure d’accompagnement pour enfin alléger le panier de la ménagère (…). Ceux qui se réclament défenseurs de la société, devraient plutôt travailler à l’émergence d’une culture citoyenne beaucoup plus intéressante qui va permettre aux citoyens de connaitre leurs droits et devoirs vis-à-vis de l’Etat au lieu de perdre notre temps sur des questions inutiles. A supposer qu’on vendait le carburant en deçà de la réalité internationale, qu’est-ce qui va se passer ? C’est toute une contrebande qui va se développer tout au long de nos frontières…
Souleymane Kéita : ce sont des histoires. C’est faux ! En Guinée, il est facile d’incriminer les gens. J’ai entendu même certains intellectuels agir de la sorte. C’est très malheureux. Quand on est d’une certaine audience, on doit dire la vérité au peuple. Ce qui reste clair, le syndicat doit travailler pour amener le gouvernement à trouver la mesure d’accompagnement idoine pour alléger le panier de la ménagère et de s’activer à la promotion de la culture citoyenne.
Souleymane Kéita : comment voulez-vous qu’on évolue avec le syndicat dans sa posture actuelle. Je n’ai pas suivi la communication du Chef du gouvernement, mais il est important qu’on reforme la classe politique, sociale et syndicale. Nous avons besoin de reconstruire notre société sur des valeurs (…). Généralement, ce sont des gens qui ont échoué et qui se convertissent en syndicat ou membres de la société civile. L’exemple le plus élémentaire, c’est le syndicat de l’éducation où le gouvernement à deux SLECG devant lui. Il y a la version Mme. Kadiatou Bah et celle d’Aboubacar Soumah. Tout cela n’honore pas notre pays. Il y a des gens qui ne représentent rien et qui sortent un beau matin pour dire, je suis représentant de telle corporation. Dans une telle société, il faut s’attendre à des crises pareilles. C’est une nécessité pour la Guinée de refonder sa société sur des valeurs.
Souleymane Kéita : c’est l’une des raisons pour laquelle on doit refondre notre société à travers ses différentes composantes. Comment trouvez-vous quelqu’un qui se dit syndicat, puisse dire de publier les vrais résultats des examens différents de ceux publiés par le ministre de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation qui a organisé ces examens. On a besoin de mettre de l’ordre pour qu’on sache qui parle au nom de qui.
Souleymane Kéita : j’invite le syndicat et ceux qui se font appeler forces sociales de venir au tour de la table de négociations, discuter avec le gouvernement sur les mesures réelles d’accompagnement qu’on pourrait envisager pour alléger le panier de la ménagère. Mais nous comprenons que ce sont des politiciens qui sont à la manœuvre. Ce que les gens ne comprennent pas, le combat pour 2020 a commencé. Ils pensent qu’en passant par le syndicat ou la société civile. Ils peuvent atteindre leurs objectifs en créant des situations de troubles dans le pays. Ils se trompent. Le peuple de Guinée est très lucide et il est en harmonie avec son histoire.
Interview réalisée par Guinéenews