Aujourd’hui, elles sont nombreuses parmi les jeunes filles de Conakry qui se disent victimes d’attaques à cause de leurs styles vestimentaires. Ceux auxquels le doigt accusateur est pointé sont les services de sécurité notamment les unités de patrouilles nocturnes.
Mariama Kanté, la vingtaine révolue confie qu’elle est régulière dans les sorties nocturnes. Victime d’une patrouille, elle revient sur son calvaire. « Le weekend dernier, je revenais d’une sortie et je portais une jupette très courte et collante. Arrivé au carrefour de Lambandji je suis descendue. Je devais partir de là chercher un véhicule en partance pour le carrefour canadien. Un peu partout des gendarmes étaient postés. Soudainement deux d’entre eux se sont précipités vers moi. Ensuite, ils ont immédiatement commencé à me frapper par leurs ceintures. Les cuisses et les bras étaient les parties visées. En même temps qu’ils me fouettaient je les entendais dire ça ce n’est pas de l’habillement. J’ai couru mais ils m’ont poursuivie. Comme je ne parvenais pas à leur échapper, je suis restée accroupie. Ils ont continué à me fouetter. A un moment ils ont arrêté en me proférant des injures graves. J’avais eu mal partout. Difficilement j’étais rentrée », a-t-il révélé.
Fustigeant, cette brutalité dont elle a été victime, soutient que ce n’est pas « la bonne manière d’éduquer un citoyen. Tout le monde est dans une époque où chacun est libre de s’habiller comme il veut ».
Selon notre interlocutrice, elle ne compte pas renoncer à sa façon de s’habiller pour ses sorties nocturnes. Être dans des habits trop serrés ou transparents ou encore courts est son goût. Même si elle a une fois été fouettée à cause de ce genre d’habillement, elle tient à l’utiliser.
Sous anonymat, une autre fille explique qu’elle a été aussi victime. « J’ai été surprise par un groupe de Gendarme au carrefour de Bambéto. On m’a demandé pourquoi je porte un pantalon et t-shirt serré. Les mots m’ont manqués et je me suis interrogée on est dans quel pays ? C’est après j’ai été conduite vers un autre gendarme qui était loin du groupe. Ce dernier m’a demandé de mettre à genou. Une heure après, il m’a dit de changer ma façon de m’habiller tout en ordonnant qu’on me laisse partir. Je partais assister à un anniversaire mais avec ce retard, je rebroussé chemin », a-t-il fait savoir.
Il faut rappeler que le secrétaire général des services spéciaux, de la lutte contre la drogue et les crimes organisés s’était limité à la nécessité de mettre en vigueur une disposition réglementant le mode vestimentaire de la couche féminine sur les lieux publics.
Alia CAMARA