C’est maintenant ou jamais pour George Weah. Arrivé en tête du premier tour de la présidentielle libérienne avec 39 % des suffrages exprimés, l’ancienne star du football qui a fini de dribbler tous ses adversaires, pourrait marquer le but le plus précieux de sa carrière politique en accédant à la magistrature suprême, au soir du second tour.
Pour ce faire, le Ballon d’or 1995 devra battre, le mois prochain, Joseph Boakai, le vice-président sortant et seul obstacle pouvant l’empêcher de secouer les filets comme il savait le faire durant sa belle et prolifique carrière sportive.
Weah rêve de ce but magique depuis 2005, année durant laquelle il a créé son parti, le Congress for Democratic Change (CDC).
Pour cette année, le rêve est double car il est question dans la foulée de la présidentielle de remporter également la majorité des 73 sièges de la Chambre des représentants. Un atout qui permettrait à l’ex avant-centre du PSG et du Milan AC de diriger plus facilement les 4.773.061 habitants du Liberia dont il brigue pour la deuxième fois les suffrages comme président de la République.
Sa première tentative, il l’a perdue en 2005 face à Ellen Johnson Sirleaf, la première femme à être élue chef d’Etat en Afrique. Six années plus tard, Weah revient comme colistier de Winston Tubman mais le ticket perd face à Sirleaf.
Sportif dans la défaite, Weah avait, en mordant la poussière pour la première fois, invoqué son manque d’expérience pour s’excuser auprès de ses partisans. Pour ses adversaires, Sirleaf a l’avantage d’être mieux instruite.
Les contempteurs de l’ancienne gloire du football n’ont jamais raté l’occasion de le taxer de « baby-in-the-woods », (une personne innocente et naïve), histoire de lui signifier que son manque de diplômes universitaires le rend incapable de gouverner le pays.
Cette fois-ci, les quolibets ont fortement diminué car, d’une part Ellen Johnson Sirleaf qui a épuisé ses deux mandats n’est plus là pour susciter le débat intellectuel et, d’autre part, Weah a appris de ses échecs en s’entourant de certains poids lourds comme sa colistière la sénatrice Jewel Taylor, ex-épouse de Charles Taylor, l’ancien président du Liberia de 1997 à 2003.
Toujours dans l’optique de gommer ses handicaps, Weah ne rate aucune occasion pour exhiber son patriotisme. A plusieurs reprises dans sa carrière de footballeur professionnel, il a, en effet, supporté tout seul les charges financières de l’équipe nationale pendant les compétitions africaines. A l’époque, le pays était en proie aux guerres civiles et les autorités avaient d’autres priorités que de s’occuper de football.
Qu’importe, Weah achetait les équipements et les billets d’avion du « Lone Star», l’équipe nationale de football du Libéria.
Aujourd’hui c’est sur ce retour sur investissement et une indéniable maturité politique que compte George Weah, 51 ans, pour se faire élire président du Libéria.
Ce serait une belle revanche sur le sort pour le natif de Clara Town, un bidonville de Monrovia, la capitale. Ce serait également une grande fierté pour sa grand-mère paternelle, Emma Klonjlaleh Brown, et tous les Kru, le groupe ethnique du sud-est du pays auquel est issu Weah.
Le collège musulman de Monrovia et le lycée de Wells Hairston, toujours dans la capitale libérienne, seraient fiers aussi de savoir qu’un de leurs anciens pensionnaires dirige le pays.
Après avoir régné sur les terrains en raflant le titre de meilleur joueur africain en 1989, 1994 et 1995 et 1996, Weah qui fut technicien de surface dans une société de télécommunications avant d’opter pour le football, pourrait bien au soir du second tour connaître la consécration politique.
Il lui suffira de marquer le but en dépit de la farouche défense que lui oppose Joseph Boakai…
Africamedia224