« Voilà bientôt dix ans que monsieur Alpha Condé gouverne notre pays dans les conditions que vous savez : la corruption galopante, la misère, la répression sauvage et l’ethnocentrisme. Et, tout porte à croire qu’il va user de son cynisme et des moyens de l’Etat pour tenter de s’octroyer un troisième mandat en violation flagrante de la Constitution. Devons-nous attendre que le crime soit commis avant de nous mobiliser et réagir contre cet assassinat programmé de notre jeune démocratie ? »

Vœux de nouvel an 2019 de Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG et chef de file de l’opposition guinéenne :

Mes chers compatriotes,

Me voici devant vous ce 31 Décembre 2018 pour vous exprimer mes vœux de nouvel an. A toutes et à tous, bonne et heureuse année ! Que 2019 soit pour la Guinée une source de bien-être et de réconfort ! Qu’elle soit une année bénéfique pour le pays tout entier ! Qu’elle sème la joie dans nos cœurs et la paix dans nos foyers ! Qu’elle nous apporte la concorde et l’abondance, qu’elle nous éloigne à jamais du spectre de la division et de la haine, de la misère et de l’arbitraire qui plane au-dessus de nos têtes !

J’ai une pensée spéciale pour le corps enseignant, les élèves et étudiants, la jeunesse guinéenne, les acteurs culturels et tous les sportifs guinéens, au premier rang desquels notre Syli national qui nous a récemment rendus particulièrement fiers et grâce à qui la nation toute entière a vibré ensemble.

Mes chers compatriotes,

Notre pays a plus que jamais besoin de travail, de justice et de solidarité. Mon ambition, mes chers compatriotes, est d’inscrire dans les faits la belle devise de notre chère république. Du travail pour tous ! De la justice du sommet à la base ! De la solidarité entre les riches et les pauvres, les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux ! Solidarité entre les ethnies, solidarité entre les régions, solidarité entre les religions !

En effet, comment ne pas évoquer le besoin de travail dans un pays rongé par le chômage, où les retraités frisent la mendicité, où les ménages ont du mal à faire bouillir la marmite, où la jeunesse en désarroi préfère encore les périls des déserts et des mers au sol de la patrie ? Comment ne pas parler de justice dans un pays où règne la loi de la jungle où le pouvoir brime, vole et tue à sa guise ? Comment, mes chers compatriotes, ne pas évoquer le besoin de solidarité sous un régime égoïste et corrompu, indifférent à la misère du peuple, insensible au sort des plus faibles et des plus démunis ?

Mes chers compatriotes,

Notre pays a plus que jamais besoin d’unité et de démocratie. Notre gisement le plus précieux, ce n’est ni l’or, ni la bauxite, ni le diamant : c’est l’unité nationale. Elle est le gouvernail qui nous guide vers le bon cap, le rempart qui nous empêche de sombrer dans le chaos. C’est une valeur sacrée que nous devons défendre nuit et jour et tous ensemble.

Une autre valeur sur laquelle nous devons veiller comme sur la prunelle de nos yeux : c’est celle de la démocratie. La démocratie, c’est la règle du monde moderne. Et qui dit démocratie dit : respect des institutions, respect de la vie. La démocratie, c’est la liberté d’aller et de venir, la liberté d’opinion pour chaque citoyen indépendamment de sa fortune et de sa naissance.

Hélas, le régime sous lequel nous vivons conserve toujours ses vieux réflexes despotiques. Il ne respecte ni la Constitution, ni la vie humaine, ni la liberté du citoyen.

Voilà bientôt dix ans que monsieur Alpha Condé gouverne notre pays dans les conditions que vous savez : la corruption galopante, la misère, la répression sauvage et l’ethnocentrisme. Et, tout porte à croire qu’il va user de son cynisme et des moyens de l’Etat pour tenter de s’octroyer un troisième mandat en violation flagrante de la Constitution. Devons-nous attendre que le crime soit commis avant de nous mobiliser et réagir contre cet assassinat programmé de notre jeune démocratie ?

Mes chers compatriotes, je ne vous apprends rien en vous citant les trois redoutables armes qui ont permis à Alpha Condé de parvenir au pouvoir, les trois armes avec lesquelles il tente de s’y maintenir à vie : le trucage électoral, la répression sanglante et l’ethno-stratégie. Eh bien, ce n’est pas par hasard qu’il les a dangereusement aiguisés, ces derniers temps.

Chers compatriotes, militants et sympathisants de l’UFDG,

Le revers de ces stratagèmes, c’est l’installation de la Guinée dans le désordre institutionnel, social, économique, politique. L’éveil des consciences sur cet état d’échec s’est produit avec le choc des élections communales. Après 7 ans de lutte acharnée pour obtenir du pouvoir qu’elles soient enfin organisées, nous en sommes à 10 mois de la fin des élections sans que l’installation des exécutifs ne soit effective, le tout sous fonds de violences de l’Etat, d’intimidations et de corruption active.

Le résultat des élections communales du 04 Février 2018 s’est révélé être un désaveu pour le régime en place et un succès promoteur pour l’UFDG qui voit son assise nationale et sa dimension transversale largement renforcées par des adhésions venant de toutes les régions naturelles de la Guinée. Ce succès, nous le devons surtout à la mobilisation sans faille des militants et responsables de l’UFDG à qui le Parti doit un tel rayonnement et une telle vitalité. Nous nous efforcerons d’être à la hauteur de vos attentes et vous félicitons pour tous les efforts et sacrifices consentis pour que notre pays soit enfin à la place qui est la sienne. C’est d’abord et avant tout le combat pour une Guinée unie et prospère qui compte.

Chers compatriotes, guinéennes et guinéens,

Ne nous méprenons cependant pas.

Les désordres évoqués précédemment sont créés et entretenus à dessein avec pour corollaires immédiats la peur et l’intimidation, en vue d’installer durablement une gouvernance sans alternance possible. L’interdiction de manifester et l’installation des PA militaires dans la commune de Ratoma, constituent le stade extrême de l’étouffement des droits et libertés des citoyens dans notre pays. En effet, le droit de manifester, composante essentielle de la démocratie est protégé par l’article 10 de notre Constitution.

Mes chers compatriotes, la situation qui prévaut dans notre pays est suffisamment grave pour confier la lutte à une seule entité. C’est en effet le rôle de chacun de nous, citoyens de tous bords, de nous investir dans les combats, les débats pour construire puis maintenir une démocratie viable car « celui qui s’endort en démocratie pourrait se réveiller en dictature », comme le soutenait le grand juriste français René Cassin. C’est une convergence des luttes dont nous avons besoin pour en venir à bout d’un gouvernement inconséquent et de la mainmise sur l’État d’un parti politique.

Cette inconséquence va jusqu’au point d’hypothéquer l’avenir de la nation toute entière en l’absence de toute volonté politique de sortir de la crise des enseignants, et de permettre à nos enfants, après de longs mois de perturbations, de reprendre le chemin de l’école. C’est une situation inacceptable. Car pour reprendre les propos du Président Abraham Lincoln : « Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance ». C’est la nation toute entière qui paiera le prix de cette démission du pouvoir face aux filles et fils de Guinée. On ne le dira jamais assez, investir dans l’école, c’est investir dans l’avenir.

Mes chers compatriotes, guinéennes et guinéens,

Nous sommes dans la phase préliminaire d’une bataille décisive de l’histoire de notre pays. Nous devons être prêts à nous battre contre toute tentative de confiscation du pouvoir et tout projet de troisième mandat qui viendrait rallonger nos souffrances et déstabiliser notre pays.
Pour relever ce défi, les forces vives de la nation doivent se mettre en ordre de bataille dès à présent, pour identifier et contrer les risques et menaces qui pèsent sur nos institutions et sur notre jeune démocratie.

Nul doute que le chemin de la lutte sera sinueux et tortueux. Bien sûr qu’il y aura des défections, bien sûr que nous serons harcelés, divisés et même violentés. Mais nous avons le devoir de poursuivre ce noble combat car il y va de l’avenir de notre pays et de sa jeunesse. Dans un pays déjà anémié par presqu’une décennie de gestion calamiteuse, nous n’avons pas le droit d’abdiquer.

Oui, les forces de la souveraineté populaire sont en marche et rien ne pourra les arrêter car, cette fois, le peuple ne sera pas dupe et ne tombera pas dans le piège de la division, de la désinformation et de la manipulation.

Mes chers compatriotes, guinéennes et guinéens,

L’espérance ne doit pas disparaître dans notre pays. La Guinée a toutes les ressources humaines et naturelles pour amorcer son envol. Ensemble, nous pouvons y arriver. Ensemble nous y arriverons.
Bonne et heureuse année 2019 à toutes et à tous !

Vive la République ! Vive la Guinée !