A l’occasion du 60ème anniversaire de la création de l’Armée Guinéenne, célébrée ce jeudi dernier dans les différentes garnisons militaires du pays, le Directeur Général du Service de Santé des Armées, Colonel Ibrahima Kalil Touré, pharmacien et chimiste de profession s’est entretenu avec notre reporter, pour présenter non seulement le service qu’il dirige mais aussi, expliquer à l’opinion les biens fondés de ce service d’inter-armée, qui relève de l’Etat-major des armées. Mais, à cause de la qualité de service qu’il donne à la population au Camp Samory Touré, aujourd’hui, ce service est ouvert à toute la population guinéenne, notamment aux civils qui fréquentent régulièrement ce centre pour les différents soins.
Alors, si l’armée guinéenne a 60 ans, le service de santé des armées est né juridiquement en l’an 2000. Donc, aujourd’hui, ce service a ses 18 ans ; âge de la jeunesse et de la majorité. Cependant que, l’armée guinéenne quant à elle, fête ses 60 ans. Donc, il y a 42 ans de différence entre la création de l’armée guinéenne et le service de santé des armées qui, selon le Directeur Général Colonel Ibrahima Kalil Touré, est l’un des plus jeunes services de santé des armées à travers le monde.
Parce qu’après l’indépendance, selon toujours Colonel Ibrahima Kalil Touré, le colonisateur est parti avec tout. « L’armée s’est organisée pour récupérer ce qui était sur place, comme les banques et les finances. Mais, la priorité pour le ministère de la Défense, c’était la défense de l’intégrité nationale. Quand la Guinée avait pris sa souveraineté, le 02 Octobre 1958, le côté de la santé était oublié. Ceux sont des anciens infirmiers, pharmaciens, des médecins africains qui étaient formés à Dakar, qui ont dirigé la première direction et, personne n’a pensé qu’il fallait créer un décret. Parce que, si quelque chose existe sans un encadrement juridique, la chose n’existe pas. Donc, on est resté dans ce vide. Il a fallu le recrutement massif des universitaires de la classe 90. C’est-à-dire, de la 19ème à la 20ème promotion recrutée en 1990, qui a permis d’étoffer l’effectif de service de santé des armées par une forte majorité de jeunes médecins, pharmaciens, biologistes et vétérinaires au seins des armées », explique Colonel Ibrahima Kalil Touré, Directeur Général du Service de Santé des Armées.
Selon Colonel Ibrahima Kalil Touré, il ya une direction générale qu’il dirige, un directeur général adjoint, un secrétaire général, pool des inspecteurs et d’autres conseillers du VIH SIDA, de humanitaire et de la relation chargée avec les institutions (OMS…) ; pour permettre le service de s’intégrer dans les différents programmes et de participer à de grands ateliers, comme l’ANSS. A part cela, le service s’articule sur quatre pools à savoir: la division administrative générale, c’est-à-dire, après le DG, le DGA et le secrétaire général, il y a les quatre divisions : la division administration générale, la division technique, scientifique, la division pharmacie et laboratoire et la division logistique.
Et à l’intérieur de chaque division, le travail est divisé en section. Donc, voilà comment le service de santé des armées est organisé. Ensuite, il ya des structures qui sont intégrées dans les forces des armées qu’on appelle les régions militaires de Kindia, de Labé, de Kankan, et de Nzérékoré.
Selon le Directeur Général du Service de Santé des Armées, le militaire est lié à son peuple. « Nous existons grâce à notre peuple, nous sommes là pour défendre le peuple. C’est de ce peuple que nous venons et, c’est de ce peuple que nous allons retourner demain après notre retraite. Donc, ça voudrait dire que, l’armée en l’occurrence le service de santé des armées, doit contribuer aussi dans le système de santé publique. Si notre première mission, c’est le soutien des hommes, la médicalisation et la chirurgicalisation, ça c’est une mission de guerre même en temps de paix, même en cas d’épidémie, nous devons jouer aussi un rôle en santé publique, en nous intégrant dans les maillons du ministère de la santé et de l’hygiène publique. En plus de ça, tous les hôpitaux ou structures de santé des armées doivent ouvrir leurs portes au civils, pour qu’ils viennent faire leur consultation. C’est ce qu’on appelle, le service public hospitalier. Ça se fait en France, en Allemagne, en Russie et un peu partout dans le monde. Ce n’est pas parce que, c’est une structure de santé militaire que nous n’allons pas recevoir un civil. Au contraire, nous allons les recevoir. En temps de crise, je prends l’exemple sur les accidents des voies publiques (AVP), qui sont nombreux en ce moment, nous prenons les patients et nous les soignons ici. Par exemple, la grande tragédie sur la route de Boffa avec les gens qui quittaient Forécariah pour aller à un mariage, le ministère de la Santé nous a appelés, pour nous dire qu’ils ont trop de blessés. Qu’est-ce que vous pouvez faire ? Je lui ai demandé vous voulez quoi ? Il a demandé s’ils peuvent avoir dix lits. Je leur ai dit OK. Et, on a tout fait pour recevoir les blessés jusqu’à ce que ces gens soient sortis. Donc, c‘est notre population, nous devons nous battre pour les sauver », nous explique le pharmacien chimiste Colonel Ibrahima Kalil Touré.
Quand il y a eu Ebola en Guinée, rappelle le DG du service de Santé des Armées, au début on n’a pas voulu impliquer le Service de Santé des Armées. « Après un moment, on a demandé notre participation. On est allé et on a travaillé ensemble. J’ai fais envoyer les médecins militaires, on a fait des équipes. Et dans chaque point d’entrée, il y a une équipe médicale. Et dans chaque équipe militaire, il y avait un médecin militaire, un médecin civil plus 3 ATS agents techniques de santé locaux. C’est moi, en tant que Directeur Général du Service de Santé des Armées, qui a déposé tous les médecins militaires dans les frontières ».
Deuxième raison, avec la reforme du secteur de sécurité. Selon Colonel Ibrahima Kalil Touré, il a fallu rapprocher l’armée de son peuple, pour que le peuple ait confiance en son armée. « La reforme, c’est une réhabilitation, une reconstruction des force de défense et de sécurité, une normalisation selon les codes bien définis. Avant, à Conakry, on voyait des militaires se promener avec des kalachnikov, des grenades et des couteaux sur les motos, dans les taxis pour effrayer la population. Donc, on leur a dit dans le code de bonne conduite, un militaire n’est pas supérieur à un civil ; le militaire c‘est le sacrifice de la nation. Alors, dans le cadre de la reforme du secteur de la sécurité, de parfaire et de normaliser notre armée, certaines mesures ont été prises. J’ai eu la chance de faire partir même de ce groupe, avant d’être nommé ici. Donc, à partir de là, les autorités ont assignés un rôle pour chaque secteur, l’intendance, le génie rural, génie bâtiment etc., chacun dans son domaine. Nous, en ce qui nous concerne, nous devons faire des actions en faveur des civils que nous appelons ‘’actions civilo-militaires ‘’. Ce sont ces actions civilo-militaires qui nous poussent allez assainir, faire des consultations gratuites pour les communautés. Je l’ai fais à Kindia avec l’hôpital campagne que les russes ont offert à la Guinée. On a consulté la population et on a donné des médicaments pendant trois mois. C’est en raison de cela, nous avons ouverts le service de santé des armées à la population ».
Mais, selon Colonel Ibrahima Kalil Touré, la vie est faite d’obstacle. Pour lui, il y a souvent ce qu’on appelle la stratégie de l’erreur. Alors, dit-il, chaque échec est un enseignement. Donc, la direction générale n’échappe pas à certaines difficultés, comme les ressources financières, qui se font de plus en plus rares dans tous les pays et, même les budgets qui sont alloués, peuvent avoir des difficultés. Parce que, les budgets ne sont que prévisionnels et avec les manifestations politiques répétées, les recettes vont baisser et l’Etat ne pourra plus faire face à toutes ses obligations.
« Nous, nos obstacles, c’est que d’abord nous sommes très jeunes, et il faut tout recommencer. Et je préfère dire défis que de dire difficultés. Vous savez, il manque toujours quelques choses. Donc, moi je préfère parler de défis. Le défi c’est quoi ? C’est la construction d’un hôpital digne de nom. Comme ailleurs où les hôpitaux militaires sont des hôpitaux de référence. Pour ce faire, nous continuons notre plaidoyer auprès des autorités. Nous avons fait des visites de terrains, le ministre d’Etat chargé des affaires présidentielles, ministre de la Défense Nationale, Dr Mohamed Diané est inexorablement engagé au côté du service de santé des armées. Il n’y a même pas deux semaines, nous venons d’organiser une cérémonie de livraison de certains équipements, qui ont été obtenus grâce à la stratégie d’action prioritaire. Donc, j’essaie d’équiper le service mais le domaine est vaste. Nous sommes en train de nous battre pour trouver des pistes de solution avec les collaborations bi et multilatérales. On ne peut pas compter sur l’Etat pour tout faire. Le défi, c’est la formation. Nous sommes jeunes, nous nous sommes battus auprès des autorités. Aujourd’hui, avec les moyens propres de l’armée, nous avons envoyé une quarantaine de personnes se spécialiser dans la sous-région Sénégal, Abidjan etc. Parce qu’avant, on ne comptait que sur les bourses des français et marocains, qui sont limitées. Maintenant, avec la coopération française, la France envoie deux à trois personnes. Et s’il y a plus de trente à quarante personnes à former au rythme de trois par an, ça va faire dix ans. Et, il ya des formations, on tient compte de l’âge, des que l’âge va dépasser, vous n’irez plus à la formation. Donc, il fallait trouver d’autres solutions. Et prions qu’il ait la paix dans le pays, s’il y a beaucoup de recette, si les politiques ont des conventions externes, ça va permettre à tous les services de santé, à tous les ministères de bénéficier de budget à temps réel… », estime Colonel Ibrahima Kalil Touré, Directeur Général du Service de Santé des Armées, à l’occasion de la célébration de 60ème anniversaire de la création de l’armée guinéenne.
Kerfalla Touré