Six États africains figurent parmi les rares pays au monde à n’avoir encore déclaré aucun cas de nouveau coronavirus. La pandémie qui affecte la planète a frappé dans presque tous les pays, à l’exception d’une poignée de petites îles isolées, du Yémen en guerre et de la très fermée Corée du Nord.
En Afrique, certains de ces pays attribuent leur bonne fortune à la grâce de Dieu ou plus prosaïquement à leur isolement aérien. D’autres voix relèvent que l’absence de cas est sans doute liée à la faiblesse des moyens mis en oeuvre pour le dépistage.
– Burundi
Pour les autorités, qui préparent des élections générales en mai, c’est l’intervention divine qui a permis au Burundi d’échapper, pour l’instant, au coronavirus.
« Le gouvernement remercie le bon Dieu tout puissant qui a protégé le Burundi », a déclaré à la télévision nationale le porte-parole du gouvernement, Prosper Ntahorwamiye.
Il a aussi dénoncé « les mauvaises langues ou certains oiseaux de mauvais augure qui propagent différentes rumeurs » prétendant que le Burundi n’est pas capable de procéder à des tests et que le coronavirus est déjà présent dans le pays.
Quelques mesures ont été prises, comme la suspension la semaine dernière des vols internationaux. Mais plusieurs médecins ne cachent pas leur inquiétude.
« Il y a zéro cas au Burundi, car il y a eu zéro test jusqu’ici », a affirmé à l’AFP un médecin burundais, qui a requis l’anonymat.
– Comores
L’archipel des Comores, situé dans l’océan Indien entre Madagascar et le Mozambique, n’a toujours détecté aucun cas, selon le ministère de la Santé.
Le Dr Abdou Ada, un généraliste de Moroni, se demande si ce n’est pas lié au traitement de masse à base d’artémisine utilisé aux Comores contre le paludisme.
« Je me permets de croire que le traitement antipaludéen de masse explique le fait que les Comores sont, pour l’instant du moins, épargnées par le Covid-19. Il s’agit d’une conviction personnelle qu’il faut confirmer scientifiquement », a-t-il avancé.
– Lesotho
Le Lesotho est entré lundi en période de confinement national de 25 jours, même s’il n’a recensé pour l’heure aucun cas positif.
Le petit royaume d’Afrique australe d’un peu plus de 2 millions d’habitants n’avait jusqu’à la semaine dernière ni test, ni centre de dépistage…
Il a reçu le 26 mars ses premiers kits grâce au milliardaire chinois Jack Ma. Les autorités ont rapporté 8 cas suspects. Les premiers résultats sont attendus très prochainement.
– Malawi
Le gouvernement du Malawi assure que s’il n’a enregistré aucun cas, ce n’est pas parce qu’il n’est pas capable de procéder à des tests. « Nous avons des tests et nous testons », a affirmé le porte-parole du ministère de la Santé, Joshua Malango.
La docteur Bridget Malewezi a déclaré à l’AFP que même si le pays n’est « pas prêt à 100% », il se prépare en vue de l’arrivée du virus, qu’elle juge inéluctable. « La plupart des gens pensent que ça arrivera ici aussi à un moment ou un autre », a-t-elle estimé.
Le Malawi a demandé aux personnes arrivant de l’extérieur de se mettre d’eux-mêmes en quarantaine, ce qui selon Mme Malewezi a aidé le pays « à se protéger ».
– Sao Tomé-et-Principe
L’archipel de Sao Tomé-et-Principe, dans l’océan Atlantique, n’a recensé aucun cas, tout simplement car il n’est pas en mesure de mener des tests, a indiqué la représentante de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans le pays, Anne Ancia.
Toutefois, « nous continuons nos préparations », a ajouté Mme Ancia, en précisant qu’une centaine de personnes de retour de pays sensibles avaient été placées en quarantaine.
Avec seulement quatre lits en réanimation pour une population de 200.000 personnes, le pays doit absolument empêcher le virus de se propager. Il a déjà fermé ses frontières, malgré l’importance du tourisme pour l’économie locale.
– Soudan du Sud
Pour le docteur Angok Gordon Kuol, un des responsables de la lutte contre le coronavirus au ministère de la Santé, si le pays n’a enregistré aucun cas, c’est parce qu’il n’a « pas un fort trafic aérien ».
Mais les autorités s’inquiètent du nombre de travailleurs humanitaires étrangers qui travaillent dans le pays et ont pu y revenir ces dernières semaines.
Le Soudan du Sud est aussi entouré de pays touchés par le virus et n’est pas en mesure de fermer de manière étanche ses frontières. Les gens « peuvent traverser ces frontières et nous nous attendons à avoir des cas », a prévenu M. Gordon.
Dans un des pays les plus pauvres au monde, qui peine à sortir d’une guerre civile commencée en décembre 2013, le gouvernement ne cache pas manquer d’à peu près tout. M. Gordon estime que le pays est capable de tester un maximum de 500 personnes.
Le pays a fermé les écoles et interdit les événements sportifs, religieux et politiques, ainsi que les mariages et funérailles. Il a aussi suspendu les vols internationaux et les commerces non essentiels ont été fermés.
AFP