Il y a 15 ans, la justice congolaise condamnait 51 personnes, dont 30 à la peine capitale, pour l’assassinat de l’ancien chef de l’Etat Laurent-Désiré Kabila, le 16 janvier 2001, dans son bureau au Palais de marbre. Plusieurs de ces condamnés à mort dont le fameux Eddy Kapend – bras droit du « Mzee », désigné comme le principal coupable dans cette affaire – purge toujours leur peine à la prison de Makala à Kinshasa. Mais pour beaucoup, Eddy Kapend et les autres condamnés sont innocents. Quant aux commanditaires et aux motifs de cet assassinat, l’énigme reste entière.

« Les enquêtes se poursuivront, il y aura d’autres procès. » Cette déclaration formulée par le juge de la cour militaire, à l’issue du verdict, est restée un vœu pieux. Depuis 2003, le dossier est au point mort, au grand regret de l’un des principaux avocats de la défense. « Aucune culpabilité réelle n’avait été établie. Je suis convaincu moi-même que les vrais coupables sont dans la nature », témoigne Me Roger Cishugi.

En 2013,  la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples juge le procès inéquitable. Cette institution de l’Union africaine recommande alors la libération immédiate des condamnés, sans succès. Quant aux demandes d’amnisties ou de grâce présidentielle formulées par les avocats de la défense, elles sont systématiquement refusées.

« Nous avons considéré que les assassins d’un chef d’Etat ne rentrent pas dans la catégorie des personnes susceptibles d’être amnistiées, confie Alexis Thambwe Mwamba, le ministre congolais de la Justice. J’ai la conviction que ceux qui se trouvent à Makala ont bel et bien été dans le coup pour tuer Laurent-Désiré Kabila. »

Et à la question « pourquoi aucun mandat d’arrêt n’a jamais été lancé contre deux suspects pourtant bien identifiés – Georges Mirindi et Bilal Héritier ? », le ministre congolais de la Justice botte en touche, signe que 17 ans après l’assassinat de Kabila « père », le dossier reste sensible.

 

rfiAfrique