Deux présumés trafiquants d’espèces animales intégralement protégées sont passés à tour de rôle devant le tribunal de première instance(TPI) de Mamou ce mardi 16 janvier 2017. Lancinet Kourouma et Momo Mansaré sont les présumés trafiquants poursuivis pour les délits  d’abattage de deux chimpanzés, capture, détention, circulation d’un bébé chimpanzé, espèce animale intégralement protégée  par le code de faune et réglementation de la chasse. Au cours de cette audience, le Ministère Public a requis un an d’emprisonnement ferme contre les deux contrevenants.

Traduis devant le tribunal, les deux prévenus ont reconnu à tour de rôle les faits mis à leur charge notamment les délits d’abattage de deux chimpanzés, la capture, détention et circulation du bébé chimpanzé dans la sous-préfecture d’Ourekaba, préfecture de Mamou.

Dans leur propre défense, les deux présumés trafiquants ont tout d’abord  clamé l’ignorance de la loi faunique, en suite, ils ont fait savoir au tribunal que les chimpanzés abritant la forêt classée de Ourekaba venaient souvent dévaster leurs ruches mises dans les feuillages pour récolter le miel. Et que, poursuivent-ils, grâce à cette récolte de miel qu’ils arrivent à résoudre la majeure partie des problèmes auxquels ils sont confrontés.

Prenant la parole, le juge a balayé  d’un revers de main toutes les affirmations des deux contrevenants tout en  évoquant le principe  constant du droit qui  stipule que ‘’ Nul n’est sensé ignoré la loi’’. Poursuivant, l’homme en  robe a brièvement rappelé aux contrevenants les conséquences néfastes de leurs agissements sur l’environnement mais aussi sur l’économie nationale via le tourisme qui est un facteur générateur de revenus.

La partie civile composée du Ministère de l’Environnement d’une part et de l’autre  du CCC (centre de conservation des chimpanzés) de Faranah a introduit leur constitution auprès du tribunal par la voix de leurs avocats. Ces deux hommes en robe ont exprimé leur préoccupation face à ce crime odieux sur le  patrimoine faunique guinéen. Après avoir démontré par des séries de questions réponses la mauvaise foi des contrevenants, ils ont  sollicité du tribunal, une application stricte et rigoureuse de la loi tel que prévu dans le code de faune pour infliger des peines dissuasives aux trafiquants. Convaincu que cette action illicite demande une réparation, l’avocat du Ministère de l’Environnement a demandé que les deux présumés trafiquants soient condamnés au paiement d’un montant de 250.000.000 GNF et celui du CCC quant à lui a  sollicité une somme de 800.000.000 GNF à titre de dommages et intérêts. Pour lui (avocat du CCC), le sanctuaire du CCC déploie des moyens financiers colossaux dans le cadre de la réception, éducation et réinsertion  des bébés  chimpanzés une fois adultes.

Le Ministère Public quant à lui a balayé d’un revers de main toutes les déclarations des prévenus tout en demandant au tribunal de retenir les prévenus dans les liens de culpabilité pour les délits d’abattage de deux chimpanzé, la capture, détention, circulation et commercialisation d’un bébé chimpanzé. Selon lui, cette espèce animale est non seulement intégralement protégée mais aussi est de nos jours menacée de disparition si toutefois rien n’est fait. C’est dans ce cadre il a requis un an d’emprisonnement ferme contre chacun deux contrevenants et 150.000 GNF d’amende chacun en ce basant à l’article 161 aliéna 2 du code faunique qui précise que la peine d’emprisonnement est obligatoire. Pour lui, une telle peine servirait d’exemple de lutte et de sensibilisation contre le trafic de faune dans sa circonscription.

Prenant la parole à son tour, le juge audiencier a renvoyé l’audience en date du 30 janvier 2018 pour délibéré. Toutefois, les yeux restent rivés vers le TPI de Mamou quand on sait que cette affaire est largement suivie par la communauté internationale et de l’ensemble des cadres du département de l’Environnement et de ses partenaires.

Pour mémoire, la Guinée est reconnue au niveau international comme une capitale mondiale du trafic de chimpanzés et que de nombreux braconniers et trafiquants guinéens travaillent ensemble pour capturer et exporter des chimpanzés. L’histoire des 130 chimpanzés exportés en Chine depuis la Guinée, représentant 3 millions de dollars illégalement obtenus en est une belle illustration qui doit de nos jours interpeller toute âme sensible.

A rappeler que le  commerce illégal d’espèces sauvages est un crime organisé transnational. Il occupe le 4 ème rang du commerce illicite dans le monde, amassant des bénéfices d’environ 20 milliards de dollars chaque année.

Affaire à suivre….

Tamba Fatou Oualaré