« Évitez toujours les dérapages vers les chemins interdits en démocratie et en bonne gouvernance, gardez-vous de succomber à la mélodie des sirènes révisionnistes, car si le peuple de Guinée vous a donné et renouvelé sa confiance, il demeure cependant légitimement vigilant. »

Voilà la phase anthologique de Kélèfa Sall, en ce 14 décembre 2015 qu’Alpha Condé n’aura jamais pu digérer, voyant l’audace du magistrat comme un crime de lèse-majesté. Le discours est resté en travers la gorge de l’opposant historique. Il l’a fait savoir et le sentir. Il a été soutenu en cela par des militants en quête de positionnement dans l’appareil d’Etat. Et le coup est joué : Kélèfa est humilié, honni, rabaissé et livré aux loups.

Aujourd’hui, il n’est plus. Ses obsèques sont programmées. Et tout, dans la plus grande intimité des Sall. Au niveau du RPG, on veut se faire inviter. Et le cynisme des uns et des autres pourrait bien pousser le Président ou à ses émissaires d’aller faire bonne figure. Toute honte bue. A priori, la présence et l’absence d’Alpha Condé seront vraiment intrigantes. Sa présence sera perçue comme une sorte de moquerie au défunt. Et son absence, créera autant de commentaires dans la cité. De toutes les façons, le gouvernement reste prudent, ni ministres, ni conseillers de Condé n’ont été vus.

Ce mardi, après la levée du corps l’enterrement a eu lieu au cimetière de Kameroun. Ceux qui ont combattu le défunt dont Alpha Condé lui-même, à travers les instructions données en catimini, doivent en avoir le remord. Un remord inoxydable. Dors en paix, vaillant Kélèfa ! Tu es déjà dans l’Histoire.

Jeanne Fofana