Comparant, ce mercredi, en audience publique devant le Tribunal de Première Instance (TPI) de Labé, à l’occasion de l’ouverture de son procès, un présumé chef de gang, Alhassane Baldé a déclaré à la barre, «avoir été longtemps utilisé par l’Etat guinéen pour exécuter des sales besognes, rapporte le correspondant Régional de l’AGP.

Le Tribunal de Première Instance de Labé a ouvert, mercredi, 25 octobre 2017, un procès criminel peu ordinaire. L’un des accusés poursuivi par le Ministère Public pour des cas de vols à mains armées, de viol et d’assassinat, Alhassane Baldé, présumé chef du gang, a d’abord exigé un repas de chef pour son petit déjeuner avant de parler.

Ensuite, quand la première exigence a été satisfaite, l’accusé à la barbe fournie, vêtu d’une culotte touchant les genoux et d’une chemise carrelée, a poursuivi son show avec beaucoup de sérénité en menaçant de ne rien dire si les Officiers de Police Judiciaire (OPJ) et autres agents impliqués dans son arrestation ne restituent pas ses biens qu’ils auraient dérobés.
Ce second incident a fait suspendre l’audience publique pour une bonne dizaine de minutes.

Après cet épisode, peu honorable pour le Ministère Public, Alhassane Baldé a aussi jeter un coup de froid sur l’assistance, en déclarant que «l’Etat a longtemps utilisé ses services pour se débarrasser de ses ennemis».
Ce prévenu, peu ordinaire, a ajouté que sa présumée connexion avec des hauts commis de l’Etat explique son évasion de la prison de Conakry, où il était détenu pour des faits similaires.

«Le chef de l’Etat et certains membres de son gouvernement sont au courant de mon existence. Sinon, comment sortirai-je de la Maison centrale ?», a-t-il lancé à la Cour.

Poursuivant ses «révélations» à l’emporte-pièce, cet accusé plein d’intrigues n’hésite pas à dire sur la place publique, qu’il est un évadé de la prison de Ziguinchor, où il s’était rendu dans le cadre de l’exécution d’un projet visant la liquidation physique de l’ancien dictateur gambien, Yaya Jammeh.

Aussi, en se faisant passer pour un polyglotte, ancien élève d’une académie militaire portugaise, il a reconnu avoir tiré sur un membre de son gang qui a violé et tué une fille lors d’une attaque à mains armées perpétrée au domicile d’un certain Thierno Tanou Diallo,à Conakry. «Au cours de cette attaque, cette famille a été dépouillée de 5.500 dollars, 50 Euros et de plusieurs autres objets de valeur».

Interrogé sur ses multiples opérations à Conakry, à Thianguel-Bori où au cours de l’attaque à mains armées un chauffeur a perdu sa vie l’année dernière, et au domicile du chef d’Agence d’une banque commerciale de Labé, l’accusé a expliqué, que les périodes de détention permettent à son gang de collecter des informations sur les cibles potentielles. Il a même indiqué à la Cour, avoir plusieurs canons de communications qu’il n’a pas voulu révéler pour le respect de son art.

Le président du Tribunal de Première Instance (TPI) de Labé, Koly Kémoko Camara, juge audiencier, a fini par renvoyer l’affaire à une date ultérieure non encore déterminée, à cause de la grève déclenchée par les avocats.
En attendant, cette affaire alimente la chronique dans la ville de Labé, à cause du profil et des déclarations de ce prévenu, parlant avec assurance et sérénité.

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