C’est une rencontre qui s’altère entre prières, manger et visite guidée dans l’imposante académie de football Antonio Souaré, bâtie sur les hauteurs du Mont Kakoulima à 50 kilomètres de la capitale guinéenne.

Accompagné de son fils, Soufiane Souaré, l’héritier, dans un univers sportif où se bouscule confort matériel personnalisé à l’image et au goût du bâtisseur et, une belle vue sur la nature, flanqué en hauteur et qui dégage un sentiment de fierté nationale en voyant l’étendue de l’infrastructure et l’immensité de l’investissement réalisées sur un domaine de 21 hectares.

A cœur ouvert, mais précis et prudent, le richissime guinéen, Mamadou Antonio Souaré, Président de la Fédération guinéenne de football, parle sans se laisser emporter. Les mots soignés, le ton mesuré et la gesticulation dans un style propre aux grands orateurs, taillés par un spin doctor.

Mais la politique, ce n’est pas son affaire. Ici à Yorokoguia, dans son immense bâtisse qui abrite l’imposante académie, on ne parle que foot, Sports et culture.
Le dimanche à Yorokoguia, c’est dédié aux visites et aux échanges privés. C’est désormais une tradition hebdomadaire et un programme bien maîtrisé par des courtisans et autres. En plus d’avoir du manger, de la place pour tous, chacun bénéficiera d’un tête-à-tête avec le très gracieux Président du Horoya Atlectic Club, doté d’un immense capital d’écoutes et plus qu’un réservoir d’espoirs inépuisable qui apporte du sourire aux lèvres pour tout nécessiteux.
Car, l’aumône est du quotidien de l’homme, comme héritage culturel et une obligation en islam chez tout djakanké, endoctriné par la religion.

A l’image d’un tabou religieux et comme un chemin interdit qui mène au péril personnel, Mamadou Antonio Souaré, est l’un des rares du pays, pour ne pas dire le seul, qui éprouve un dégoût incompréhensible pour la politique.

Il fuit tout débat de cette nature et exprime une violente fureur à l’encontre de tout convié qui réduit son espace à un terrain politique. Il ne cherche pas à écouter pour comprendre à plus forte raison être séduit par ce qu’il répudie.
Il dit à qui veut comprendre, je cite : « la politique ne m’intéresse pas. Et elle ne me réussira non plus. C’est pourquoi, j’ai choisi les sports et la culture et je resterai dans ça. Je me sens bien dans ce que je suis (football) avec l’aide de Dieu, la bénédiction de mes parents et le soutien du peuple de Guinée », fin de citation.

C’est une façon pour l’homme de couper l’herbe sous le pied de ceux qui veulent le voir essayer l’aventure politique mais surtout, de démentir tous les préjugés qui pèsent sur lui et des intentions fabriquées qui collent à sa peau, entretenues par des personnes tapis dans l’ombre.

Le colossal investissement déployé, ne le garantit pas un rapide retour encore moins espérer un bénéfice de sitôt.
C’est juste un homme débordant de patriotisme et animé de la fibre religieuse du partage du gain. Comme ça lui a été incrusté par son défunt père, qui, était d’une générosité inégalable. Il est sur les traces de ce dernier.

Assisté de son fils héritier, Soufiane, la ‘’ locomotive’’ du football guinéen transmet des valeurs républicaines et des devoirs de sociabilité à ce dernier. Il veut le façonner à son image. Comme pour dire, le transfert des avoirs commence par celui du savoir, des valeurs, des principes, du sens de la vie… La succession à la tête de cet important empire financier, s’opère lentement et progressivement entre Père et fils, pour ne pas dire entre maître et élève.
Tout ou presque, réussit au ‘’Roi » du football quand il décide d’entreprendre. Le football guinéen brille de mille éclats, grâce au leadership assuré par cet homme affable, attentionné et attaché au succès et à la victoire.

En fin manager, en stratège rompu et bon médecin-foot, le ‘’ Pape » du foot guinéen, depuis son avènement à la tête de la feguifoot, les résultats engrangés sont plus éloquents que les mots.
La valorisation de notre indice du football est l’expression parfaite du réveil de notre pays, dont la participation aux compétitions africaines et internationales était le rêve le plus fou des amoureux du cuir rond.

Grâce à son dynamisme et son amour pour le bon résultat, la Guinée est aujourd’hui, non pas par le fait du hasard mais par le mérite et le travail bien accompli de la classe dirigeante actuelle, le Horoya Atlectic club est le seul représentant de l’Afrique au sud du Sahara dans la plus prestigieuse compétition de la Coupe de la CAF. Le mythique club légendaire, présidé par le très ambitieux Soufiane tapera dans le ballon lors des demi-finales prochaines, devant des Clubs de marque du Continent noir africain.

Et ce n’est pas tout, pour la ligue africaine, notre pays a désormais droit à deux représentants, deux autres pour la coupe de la CAF. C’est une renaissance en cours et un pas de géant déjà franchit.
L’ouverture prochaine de l’académie de football Antonio Souaré viendra compenser un énorme vide infrastructurel conduisant à la professionnalisation de nos pépites.

Ce centre technique deviendra une plaque tournante des bonnes graines du football du continent et attirera dans un futur proche, de nombreux sponsors et d’autres grosses entreprises évoluant dans le domaine du football. La Guinée va s’ouvrir au monde et notre foot sera plus que pétillant par la clairvoyance de Souaré père.

Les futures recrues de l’AFAS bénéficieront d’un enseignement général avec des modules adaptés, pilotés par des guinéens et des expatriés de grande renommée.

Le centre offre toutes les commodités répondant aux normes FIFA. Un terrain synthétique de 18.000 places et un autre pour les entraînements.

Plus 42 chambres équipées et climatisées pour deux places chacune avec douche. Une salle informatique, une salle de cours, une salle de conférence, un restaurant et une cuisine moderne.
Un hôtel cinq étoiles est déjà effectif et dans la phase II de ce projet pharaonique, Souaré Père ambitionne de bâtir un palais des Sports, un terrain de foot avec gazon naturel, un terrain d’entraînement pour gardien de buts…
Le centre sera équipé d’internet haut débit avec une sécurité qui assurera la protection des installations et du personnel vivant en son sein.

En attendant, si les sorciers ne mangent pas le dieu des temps, l’ouverture est prévue pour septembre de cette année.
Et Yorokoguia sera plus qu’une destination, mais une identité nationale et une référence africaine.

Par Habib Marouane Camara, Journaliste-Chroniqueur.